Aurélie Trouvé : « Développer la désobéissance civique »
Le climat, l’Europe et la dette ont été au cœur de l’université d’été d’Attac France, qui s’est déroulée à Marseille du 25 au 28 août.
dans l’hebdo N° 1367 Acheter ce numéro
De nouvelles formes de mobilisation, des échanges constructifs sur la crise grecque, une forte implication dans la COP21 de décembre et l’opposition au Tafta : Aurélie Trouvé revient sur les débats de l’université d’été d’Attac France.
Quel bilan tirez-vous de cette 14e université d’été ?
Aurélie Trouvé : L’université d’été a accueilli près d’un millier de participants, plus que les années précédentes. On a été très agréablement surpris. On pensait qu’il y aurait une sorte de fatalisme par rapport à l’accord signé en Grèce avec les créanciers. Finalement, les gens ont envie de se mobiliser, et les ateliers ont montré qu’il nous faut développer la désobéissance civique pour rendre visibles nos opinions. Nous allons multiplier nos actions de désobéissance partout en France, notamment en continuant de réquisitionner des chaises de la BNP Paribas pour dénoncer ses filiales installées dans les paradis fiscaux. C’est grotesque, mais la banque a déposé une plainte ! Nous allons aussi mener des actions plus classiques. Après la plénière d’ouverture, intitulée « Quelle Europe possible ? », nous avons annoncé que des marches européennes partiront d’Espagne et seront organisées avec des syndicats européens, le réseau des Attac d’Europe et de nombreuses autres organisations européennes. Elles arriveront à partir du 15 octobre à Bruxelles, avant le Conseil européen qui se tiendra le 17, pour dire non à l’austérité, au Tafta, au racisme et à la corruption.
Y a-t-il un changement de position d’Attac à la suite de l’accord grec ?
Les débats ont montré que nous sommes en train d’évoluer sur la sortie ou non de l’euro et sur la dette. Nous pensons qu’il ne faut pas envisager la sortie de l’euro comme une finalité, mais comme une solution de dernier recours dans le rapport de force avec les créanciers. Nous cherchons à construire une politique alternative, en envisageant l’éventualité de sa mise en place, ce qui n’a pas été le cas en Grèce. Faut-il s’attendre au même scénario en Espagne ? L’économiste de Podemos Juan Laborda nous a dit que ce ne sera certainement pas le même rapport de force, du fait que l’Espagne est un poids lourd du point de vue économique. Mais il y a un débat au sein de Podemos sur les leçons à tirer de la Grèce, qui n’est pas tranché, alors que les élections générales doivent avoir lieu en décembre.
Comment avez-vous abordé la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) ?
De nombreux ateliers ont été organisés sur la COP21, en prévision notamment de deux temps forts, dans lesquels nous sommes fortement impliqués, qui auront lieu le 29 novembre et le 12 décembre. Les actions du 12 décembre auront une importance considérable pour Attac et la Coalition climat 21 ^2. Nous avons une grande responsabilité en tant qu’acteur français de ces mobilisations. Ce qui explique le caractère international de nos débats sur la question climatique, avec notamment la présence de Pablo Solon, qui fut ambassadeur de Bolivie aux Nations unies et est directeur exécutif de l’organisation altermondialiste Focus on the Global South. Nous avons aussi les échéances du Tafta à préparer. Nous serons très attentifs à l’évolution des négociations sur ce projet d’accord commercial transatlantique pendant que se tiendra la COP21 à Paris, sachant qu’on a des chances de victoire sur ce dossier. Officiellement, l’Union européenne et les États-Unis veulent obtenir un accord avant la fin du mandat de Barack Obama en 2016. Le rapport de force n’est pas en notre faveur, mais en Allemagne, en Autriche et dans d’autres pays, la population est clairement opposée au Tafta, peut-être plus qu’en France. Il nous faut être prêts.