EELV : Les voies diverses de l’autonomie
Les écologistes auront bien partout des listes indépendantes du PS. Mais qu’ils se présentent en soliste, comme le souhaitait Emmanuelle Cosse, ou en chef d’orchestre, ils en conservent la maîtrise.
dans l’hebdo N° 1371 Acheter ce numéro
Les coups de menton socialistes n’y ont rien changé. Pas plus que les démissions tonitruantes de François de Rugy et de Jean-Vincent Placé. Un mois après les violentes charges des présidents des groupes écologistes de l’Assemblée nationale et du Sénat contre une supposée « dérive gauchiste » d’EELV, les faits sont là. Dans les douze régions métropolitaines, les militants du parti écologiste ont confirmé leur refus de partir au premier tour avec le Parti socialiste. Et dans quatre d’entre elles, dont les deux plus menacées par le Front national, ils ont choisi l’alliance avec tout ou partie du Front de gauche. Mardi après-midi, l’écologiste Sophie Camard et le communiste Jean-Marc Coppola devaient présenter le fruit de leur union dans un restaurant du Vieux-Port de Marseille. Depuis six jours, des responsables des deux partis avaient fait savoir que l’accord était scellé. Restait encore à en régler les détails. Lundi soir, il était acquis que la campagne serait conduite par le binôme Camard-Coppola à égalité d’affichage et d’expression dans les médias, la tête de liste officielle, longtemps réclamée par le PCF, revenant toutefois à l’écologiste. L’accord prévoit également des binômes à la tête des listes de chacune des six sections départementales de la région : quatre EELV, six Front de gauche (dont cinq PCF), deux candidats d’ouverture. Validé par EELV, le PCF (avec un vote à 90 % de sa conférence régionale) et Ensemble !, l’accord attendait encore d’être approuvé par le Parti de gauche, mécontent de la répartition des têtes de liste et des candidats éligibles.
Dans quatre régions, EELV se présente avec tout ou partie du Front de gauche :
– Auvergne/Rhône-Alpes : le « Rassemblement citoyen écologique et solidaire », conduit par le binôme Jean-Charles Kohlhaas (EELV, tête de liste) et Corinne Morel Darleux (PG, porte-parole), agrège EELV, le PG, Ensemble, Nouvelle Donne, la Nouvelle Gauche socialiste (NGS) et des citoyens.
– Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon : la liste conduite par Gérard Onesta (EELV) porte un « projet en commun » validé par EELV, le PG, Ensemble, la NGS, des citoyens et le PCF (sauf surprise).
– Nord-Pas-de-Calais/Picardie : Sandrine Rousseau conduit une liste EELV-PG-NGS ouverte aux citoyens.
– Provence-Alpes-Côte d’Azur : « La Région coopérative » emmenée par le binôme Sophie Camard (EELV, tête de liste) et Jean-Marc Coppola (PCF) rassemble EELV et le Front de gauche.
Dans les huit autres régions, EELV part seul : Alsace/Lorraine/Champagne-Ardennes (Sandrine Bélier) ; Aquitaine/Poitou-Charentes/Limousin (Françoise Coutant) ; Bourgogne/Franche-Comté (Cécile Prudhomme) ; Bretagne (René Louail) ; Centre-Val-de-Loire (Charles Fournier) ; Île-de-France (Emma Cosse) ; Normandie (Yanic Soubien) ; Pays-de-la-Loire (Sophie Bringuy).
Message reçu en Bretagne, où les militants ont rejeté à 70,8 % une alliance avec le Front de gauche malgré les discussions menées depuis plusieurs mois et des « avancées significatives » enregistrées. Ils ont approuvé en revanche à plus de 80 % un accord avec Bretagne écologie, une association créée à l’occasion des régionales de 2010 pour regrouper les élus et militants écologistes pro-PS en désaccord avec la ligne d’autonomie qui était déjà celle d’EELV – ils ont depuis tiré les leçons de cette expérience. « Les militants écolos sont des militants ombrageux, il y a des allées et venues », commente, amusé, David Cormand, le « monsieur élection » d’EELV. Si cette autonomie identitaire qui ne rassemble que des écologistes l’emporte dans huit régions, quatre autres l’envisagent autrement, avec des rassemblements mêlant la gauche sociale et la gauche écologiste, seuls susceptibles de rivaliser vraiment avec les listes PS. Avec plus ou moins de bonheur. Après Auvergne/Rhône-Alpes, où EELV est déjà en campagne avec les composantes du Front de gauche (sauf le PCF), Nouvelle Donne et la Nouvelle Gauche socialiste (NGS), après le Nord-Pas-de-Calais/Picardie, où EELV se présente avec le PG et la NGS), le PCF ayant refusé lundi de participer à une liste conduite par un binôme paritaire comme en Paca, l’accord est quasi scellé en Midi-Pyrénées/Limousin. L’écologiste Gérard Onesta doit y conduire une liste agrégeant EELV, toutes les formations du Front de gauche, la NGS et le Parti occitan autour d’un « projet citoyen » travaillé en commun depuis plusieurs mois. Les militants communistes doivent encore donner leur accord, cette fin de semaine, mais Marie-Pierre Vieu, leur cheffe de file, s’affiche confiante.