La santé à la calculette
La Cour des comptes préconise de larges coupes des dépenses de santé.
dans l’hebdo N° 1369 Acheter ce numéro
Elle persiste dans sa logique d’austérité. À quelques jours du 70e anniversaire de la création de la Sécurité sociale, la Cour des comptes vient de rendre public son rapport annuel sur le financement de la Sécu. Et continue, comme les années précédentes, de déplorer la « persistance et l’ampleur » des déficits sociaux dont « la réduction a été limitée en 2014, comme en 2013 ». Dans une approche purement comptable, les magistrats de la rue Cambon se désespèrent que l’objectif du retour à l’équilibre pour 2017 soit désormais « reporté à un horizon indéfini ». 2015 devant à nouveau connaître un ralentissement de la réduction des déficits. Si le premier président de la Cour, Didier Migaud, a estimé dans sa présentation que « des marges de manœuvre importantes existent » pour « sauver » la Sécurité sociale, il préconise toujours les mêmes recettes libérales : « l’effort » doit porter sur la « maîtrise » des dépenses. Avec des mots choisis censés adoucir la potion amère envisagée.
Ainsi, la Cour des comptes estime nécessaire « l’accélération de la recomposition de l’offre de soins » : entendez fermetures et concentrations d’établissements de santé. Les magistrats pointent en particulier le réseau des maternités, pourtant déjà « restructuré en profondeur dans les années 1990 » (sic) et propose à demi-mot de fusionner quelques-uns des dix-huit centres de lutte contre le cancer. De même, sont désignés comme trop coûteuses les activités des infirmiers et des masseurs-kinésithérapeutes. Enfin, le rapport demande le renforcement du pilotage stratégique de l’organisation du système de soins par l’administration centrale et « l’amélioration de la qualité des processus de gestion des établissements de santé », mesures qui devraient plaire aux salariés en lutte à l’AP-HP…
En revanche, la Cour reste très discrète sur le volet recettes. Dans un passage laconique, elle note bien que les « orientations mises en œuvre par le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi [CICE], et renforcées dans le cadre du pacte de responsabilité par de nouveaux allégements de cotisations […] posent au demeurant des questions délicates ». Mais ces cadeaux au patronat ne sauraient être remis en cause, les efforts devant demeurer du côté des dépenses, des patients, des salariés, des professionnels de santé. Il est pourtant clair que les allégements de charges pour les entreprises ne font qu’amplifier le fameux « trou de la Sécu », dans le rouge pour la treizième année consécutive.