« Traiter la culture geek comme la culture pop »
Doc, fiction, humour… Entre formats courts et nouvelles écritures, Arte vise un nouveau public.
dans l’hebdo N° 1367 Acheter ce numéro
Ça revêt des allures de Canal, ça en emprunte le ton et la forme, mais ce n’est pas sur Canal+. Ploup est une websérie d’animation de Maxime Chamoux et Sylvain Gouverneur : quarante épisodes, un programme court de deux minutes, ponctué de « ploup », donc, les signaux sonores des SMS qui tombent dans une messagerie. Non loin parfois d’une conversation de sourds (notamment quand il s’agit d’expliquer le hashtag), Ploup se déploie sous la forme d’un dialogue livrant un tragicomique état des lieux de la vie contemporaine dans ses modes de communication. Kestuf’, c’est-à-dire « qu’est-ce tu fais quand… ? », de François Dufour et Jeff Le Bars, au format semblable, et en dix numéros, à partir d’interviews façon micro-trottoir, dresse un inventaire non moins drôle et léger de nos comportements quotidiens.
Simples, efficaces, portés par l’humour et une narration joliment construite, Ploup et Kestuf’ rappelleraient presque la série « Bref » (sur Canal en 2011). Ce sont là deux nouveaux programmes du site d’Arte Creative, parmi bien d’autres, dont la nouvelle mouture s’est ouverte le 24 août. Forcément, du côté de la chaîne, on se défend de tout esprit Canal pour mettre en avant l’esprit européen propre à Arte, plus universel aussi, comme en témoignent les programmes autour de l’art brut et de l’art moderne. « Arte Creative se veut une offre dédiée aux cultures d’aujourd’hui, dans toutes leurs variétés », précise Alexander Knetig, son rédacteur en chef. Incluant la pop culture, la série, la culture urbaine et numérique, avec une idée derrière la tête : traiter à l’avenir « la culture geek comme on traite aujourd’hui Abba et les Bee Gees dans la culture pop », en multipliant les formats grand public, courts ou expérimentaux, les jeux vidéo, etc. La série d’anticipation Osmosis, dont la saison a été écrite pour être mise en ligne en une fois, en est un autre exemple.
En attendant, Arte Creative entend pêle-mêler des contenus parfaitement autonomes ( Do not track, proposé en avril, était une exception), d’autres accompagnant les programmes de l’antenne, sous forme de compléments, ou les annonçant, très en amont, « en essayant d’établir des passerelles, en évitant de faire des tiroirs où l’on rangerait les contenus, ce qui serait contre l’esprit du Web », poursuit Alexander Knetig. De fait, voilà une offre à voir non pas comme Arte +7 mais comme Arte -7, voire -60. Tel est encore le cas pour Salaire net et monde de brut (puisé dans un blog de Libération, articulé autour de la précarité), déjà en ligne et diffusé à l’antenne en 2016. Du teasing jubilatoire.