Démangeaison du foutagedegueulemus
Il est où, l’ombrageux humaniste du Quai d’Orsay, quand M. Hollande se précipite à Riyad ?
dans l’hebdo N° 1372 Acheter ce numéro
Entendons-nous bien, Sébastien [^2] : je n’ai, pour le dire posément, aucune espèce de sympathie pour le sinistre M. Assad – non plus d’ailleurs que pour M. Poutine. Note bien : aucune. Chuis comme toi : ces mecs-là me glacent les sangs. Mais je t’avoue que, pour autant, et sans que ce soit contradictoire, quand je lis, ces temps-ci, les commentaires que suscite l’intervention des Russes en Syrie – et quand je découvre, au détour de son évocation, certaines infos –, je suis quand même pris de furieuses démangeaisons au niveau du foutagedegueulemus [^3].
Pas plus tard que tout à l’heure, rexemple, j’ai lu dans le Monde que certains groupes de « rebelles [^4] » syriens légèrement râpeux de la beubar – si j’ai bien compris, les mecs seraient juste un peu à droite d’Al-Qaida – ont été armés and entraînés par, devine qui ? Notre vieil ami l’Oncle Sam et sa CIA : les mêmes fins stratèges, en somme, qui ont distribué jadis des flingues et des conseillers à tout ce qui, dans l’Afghanistan des années 1980, pouvait œuvrer à la confection de pâtés de Soviétiques – et qui se sont juste après mordu les parties basses (comme on dit justement à Damas) d’avoir trop négligé que le jeune Oussama qu’ils avaient ainsi nanti de très performants missiles sol-air était finalement peu versé dans la reconnaissance éternelle, holy shit, Meredith, n’aurions-nous pas un peu merdé ? Puis j’ai lu, dans le même numéro du Monde, une interview de M. Fabius, ministre françousque and « socialiste » des Affaires étrangères, qui déclare notamment que ça le fait bien chier que les Russes assistent Assad, parce que, pour lui, il n’est absolument « pas question de couvrir le sauvetage d’un dictateur », ah ça non, bordel.
Et là, mon irritation est directement passée, je ne te le cache pas, de DEFCON 2 à LHDR (longs hurlements de rage) 1, parce que, dis-moi un peu : il est où, Laurent le magnifique, quand son gouvernement et le chef y afférent – M. Hollande, donc – se gargarisent d’avoir vendu quelques bourriches de chasseurs-bombardiers made in cheux nous, puis aussi des frégates (initialement destinées à M. Poutine), à M. Sissi, chef de l’État égyptien, qui n’est pas exactement le meilleur champion qui se puisse trouver de la défense des droits humains ? Et quand le même M. Hollande se précipite à Riyad pour dispenser de rieuses accolades à des adeptes revendiqués de la décapitation – et autres atrocités –, il est où, l’ombrageux humaniste du quai d’Orsay ? Il décrète qu’il n’est pas-question-de-couvrir-ça, ou il se tient coi ? Je te laisse répondre : je viens de décider que je m’énerverai plus jusqu’à mercredi.
[^2]: Oooooh, mais queeeeel magnifique prénom tu as !
[^3]: Cette glande, située non loin du pancréas, est – je le rappelle pour si t’aurais trop séché les cours de sciences nat – celle qui se met à vibrer quand un(e) éditocrate ou une éminence « socialiste » (liste non exhaustive) te prend très ostensiblement pour un(e) débile mental(e).
[^4]: Comme dit la terminologie officielle de la presse dominante.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.