En Israël, un accord en trompe-l’œil
Dans l’affaire de l’esplanade des Mosquées, Benyamin Netanyahou se donne le beau rôle.
dans l’hebdo N° 1375 Acheter ce numéro
En quelques mois, on aura eu comme un condensé de la stratégie israélienne. Le premier acte a eu lieu fin juillet lorsque des juifs orthodoxes sont venus prier sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, rompant le statu quo établi par Moshe Dayan en 1967 qui réservait aux seuls musulmans le droit d’y prier. Cette remise en cause a été à l’origine de la révolte de jeunes Palestiniens qui ont vu là un pas supplémentaire de la colonisation, s’attaquant cette fois à un lieu symbolique. On connaît la suite. Depuis un mois, il y a eu plus d’une cinquantaine de morts, dont quarante Palestiniens.
Le deuxième acte, c’est l’intervention du roi Abdallah de Jordanie et du secrétaire d’État américain, John Kerry pour mettre fin aux violences. Le troisième, c’est l’accord intervenu dimanche avec Israël, bruyamment salué par la Jordanie et les États-Unis. Un accord par lequel le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, assure ne pas vouloir rompre le statu quo et s’engage à disposer des caméras sur l’esplanade. Officiellement, le problème est donc réglé. Mais la machine médiatique est déjà en marche sur le thème : Israël a donné des assurances et pourtant les attaques au couteau continuent. C’est oublier que l’affaire de l’esplanade des Mosquées n’a été qu’un élément déclencheur. Au-delà, c’est l’absence de perspective qui est en cause, et le désespoir d’une population face à la poursuite de la colonisation. Au mieux, le gouvernement israélien aura donc mis un terme à un problème qu’il a lui-même provoqué. Au pire, cette histoire de caméras servira surtout à surveiller les Palestiniens. Ou l’art de faire apparaître comme un geste de conciliation ce qui n’est que la fin – toute provisoire – d’une provocation. Et sans que soit jamais évoqué le fond du conflit.