« Jungle » de Calais : Les pouvoirs publics au pied du mur
À Calais, Médecins du monde et le Secours catholique ont ouvert un contentieux inédit contre l’administration.
dans l’hebdo N° 1375 Acheter ce numéro
L’administration sommée de prendre ses responsabilités à Calais ? Le 26 octobre, Médecins du monde et le Secours catholique ont ouvert un contentieux avec les pouvoirs publics. C’est inédit de la part de ces deux ONG. Aux côtés de requérants soudanais, érythréens, irakiens, afghans, syriens, elles ont sollicité le juge du tribunal administratif de Lille pour que soient prises des mesures en urgence en faveur des réfugiés de Calais. Cette requête qui vise la préfecture, la mairie et l’agence régionale de santé s’appuie sur la violation de plusieurs droits fondamentaux : droit au respect de la vie, droit à la dignité humaine, droit de ne pas subir de traitements inhumains et droit d’asile. Six mille personnes s’entassent aujourd’hui dans la « jungle », bidonville qui jouxte le centre Jules-Ferry, soit un effectif qui a doublé depuis l’été.
Les associations n’ont cessé d’alerter sur les conditions de vie sur place, faisant état d’une épidémie de gale, de fractures mal soignées, de membres lacérés par les barbelés qui entourent le site d’Eurotunnel, de coups et lésions, d’abcès dentaires, de tensions artérielles anormalement basses, de dénutrition, de grossesses non suivies ou en demande d’interruption, d’enfants livrés à eux-mêmes, de cas de prostitution… Sans compter l’eau potable et les sanitaires en quantité insuffisante, les problèmes d’évacuation des déchets et les risques d’inondation, d’incendie et d’explosion. Le 20 octobre, paraissait l’appel des 800, qui ajoutait au constat sanitaire des cas de violences policières et de ratonnades organisées par des militants d’extrême droite.