L’appel au « dialogue social » relève de l’imposture
Plus l’exaspération des salariés monte et plus les autorités, politique, patronale ou même syndicale, en appellent au « dialogue social ». Problème : jamais aucune avancée sociale ne fut obtenue par la vertu du seul dialogue.
Ou alors musclé, très musclé ! Quelques exemples historiques :
-* Le Code du travail fut initié en 1906 à la suite d’une année marquée par plus de 1 300 grèves d’une durée moyenne de 19 jours.
-* Les congés payés , la réduction du temps de travail à 40 heures ont été obtenus de haute lutte par les grandes grèves et les occupations d’usine qui suivirent l’élection du Front populaire en 1936 et mobilisèrent plus de 2 millions d’ouvriers.
-* La sécurité sociale , les comités d’entreprise , le système des retraites par répartition ont été conquis au sortir de la 2nde Guerre mondiale.
Le rôle social du coup de pied aux fesses
En résumé, le progrès social se conquiert de haute lutte ou à l’issue de périodes fort troublées. Certainement pas en se contentant de deviser aimablement autour d’une table pétrie de convenances.
Ce qui ressort de ce constat historique, c’est que le dialogue social ne fait jamais que consacrer un rapport de force.
Si, du fait d’une crise comme celle que nous traversons, le rapport de force apparaît comme singulièrement déséquilibré, sinon même inexistant, alors le dialogue social ne fait que consacrer ce déséquilibre et en appeler à lui pour prévenir tous débordements de colère relève de l’imposture.
Le vrai et seul dialogue social se construit d’abord à coups de pied aux fesses. Et il faudra aux salariés un peu plus de deux chemises déchirées pour redresser une situation aujourd’hui fort compromise pour eux.
Notons que la remarque ne vaut pas que pour les seuls salariés, mais aussi et surtout pour tous ceux qui ne parviennent même plus à l’être.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don