Paco de Lucia : Le dieu de la guitare

La légende internationale du flamenco, Paco de Lucia, vue par son fils.

Julien Covello  • 28 octobre 2015 abonné·es
Paco de Lucia : Le dieu de la guitare
Paco de Lucia, légende du flamenco , Curro Sánchez Varela, Bodega Films, 1 h 32.
© RIVAS/AFP

Une cigarette, un visage grave et des doigts qui virevoltent sur une guitare en sourdine. Trouver les mots et les images pour définir « le meilleur guitariste de l’histoire ». Donner à voir une « légende du flamenco ». À 50 ans de carrière, plusieurs fois révolutionnaire, Paco de Lucia est insaisissable pour ses fans comme pour ses proches. Plus qu’à un film biographique, c’est donc à une « recherche [^2] » que se livre son fils, Curro Sánchez, qui l’a suivi dans sa dernière tournée. On l’y voit exigeant, perfectionniste, pour laisser exploser sur scène sa virtuosité et son charisme.

Le maître et ceux qui l’ont connu racontent l’enfance dans la misérable Andalousie d’après-guerre, la guitare comme moyen de subsistance. À 14 ans, les cafés-concerts où il impressionne déjà. À 17 ans, le début du succès lors d’un voyage aux États-Unis. Il y découvre Sabicas, guitariste génial exilé à New York, qui l’incite à composer sa propre musique. De retour en Espagne, c’est la rencontre avec Camarón, « le messie » du cante, et dix ans d’une collaboration restée comme une référence. Mais, comme le dit le pianiste Chick Corea, « Paco est trop grand pour le flamenco ». Il faut entendre les guitaristes John McLaughlin ou Carlos Santana parler du premier à avoir porté le son et le rythme andalous dans l’improvisation jazz, avant de créer un nouveau langage flamenco. « Je ne crois pas au génie, c’est le travail qui est fondamental », affirme pourtant Paco de Lucia, avouant avoir passé 80 % de sa vie seul avec la guitare. Curro Sánchez parvient à montrer l’aura du maestro sans jamais distancer le spectateur profane. Mais Paco est toujours « trop grand », lui dont le cœur s’est arrêté le 25 février 2014, entre deux concerts et avant la fin du tournage, laissant les Gitans d’Andalousie, les jazzmen américains, son fils réalisateur et le public à sa « recherche ».

[^2]: Le sous-titre original est « la Busqueda », la recherche.

Cinéma
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