René Lacaille : Maloya malicieux

En trio avec ses enfants, René Lacaille propose un album chargé de sens et de réjouissance.

Lorraine Soliman  • 21 octobre 2015 abonné·es
René Lacaille : Maloya malicieux
Gatir , René Lacaille èk Marmaille, L’Autre Distribution. Concerts : 29 octobre, Studio de l’Ermitage (Paris), 12 février 2016, Centre Le Bournot (Aubenas).
© Coline Linder

Du bal poussière au cirque synesthésique, du jazz manouche au rock et aux musiques brésiliennes en passant bien sûr par le séga et le maloya sous toutes leurs coutures, tel est le registre bigarré de René Lacaille, né par un beau jour de janvier 1946 sur l’île de La Réunion. Tout aussi contrasté est le personnage ; chaleureux, enthousiaste, il va droit au but avec une simplicité trompeuse. Certains détails biographiques montrent que le chemin a été tortueux. Dès l’âge de 7 ans, René Lacaille accompagne son père à l’accordéon et à la batterie, de bals en mariages et autres festivités nocturnes. Adolescent, il apprend seul la guitare et le saxophone. Mais la musique n’est pas une sinécure à La Réunion. Pour échapper aux champs de canne à sucre, il faut quitter l’île. Mais quand on n’a pas d’argent… « Pour venir en France, on n’avait pas le choix, il fallait passer par l’armée. »

C’est ainsi qu’en 1967 René Lacaille s’inscrit à contrecœur au service militaire et rejoint son frère Renaud, qui lui a ouvert la voie. « S’il y a quelqu’un que je dois remercier pour ma carrière musicale, c’est bien lui, insiste-t-il. Il m’a appris le solfège, ce qui m’a permis de sortir d’une impasse. » Autour de 1968, la période est favorable pour les musiciens qui trouvent sans peine où travailler. C’est à ce moment-là que René se frotte au jazz manouche.

De retour à La Réunion, en 1971 , Lacaille est un guitariste averti. Avec le violoniste Alain Donat, il monte les Ad-Hoc, « un groupe qui compte beaucoup à La Réunion ». Un peu plus tard, ce sera Caméléon avec Alain Péters et Loy Erlich. Ensemble ils inventent le maloya électrique. La suite de son parcours se fera pour l’essentiel en métropole, à partir de 1979. C’est là que naissent ses enfants, Marco et Oriane, qu’il entraîne sur scène dès leur plus jeune âge. C’est là aussi que René Lacaille redécouvre le musicien et poète réunionnais Danyèl Waro, à la fin des années 1980 : « Quand j’ai écouté Danyèl, j’ai pleuré, j’ai ri, j’étais tellement content de l’entendre chanter le maloya, le séga… Il m’a ramené trente ans en arrière. De retour à la maison, je me suis remis à l’accordéon. » Il ne l’a plus quitté depuis et ré-enchante à son tour les musiques de son île. Avec ( « èk », en créole) ses enfants, il partage l’amour des rythmes chaloupés, le goût des sonorités savoureuses, les délices de la langue créole, autant d’ingrédients qu’ils coordonnent en toute grâce dans un bel album intitulé Gatir.

Musique
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