Fusions et retraits de liste

Électoralement menacé, le PS a consenti assez facilement à des accords avec EELV et le FG. Mais ses désistements en faveur de la droite passent mal, y compris parmi ses propres troupes.

Michel Soudais  • 9 décembre 2015 abonnés
Fusions et retraits de liste
© Photo : MEYER/AFP

«Toute la gauche va faire front », affirmait lundi soir Jean-Christophe Cambadélis sur BFMTV, assurant que des accords avec les principales autres formations de gauche avaient été trouvés « dans toutes les régions françaises », à l’exception des trois où le PS s’est retiré. Toutes ? Non. En Bretagne, où la liste PS a obtenu dimanche son meilleur score national (34,9 %), devançant la droite de plus de 11 points, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est senti assez fort pour se passer d’EELV (6,7 %). Un contre-exemple qui vient rappeler que les socialistes ne s’accommodent du rassemblement de la gauche et des écologistes que lorsque leurs intérêts électoraux les y obligent. Dans les autres régions, les négociations avec EELV ou le FG ont abouti, le PS se montrant plus souple qu’en 2004 ou en 2010.

Dimanche soir, depuis la rue de Solférino, le patron du PS avait sévèrement reproché au « parti qui s’est pourtant nommé “Les Républicains”  […] son refus de pratiquer le désistement républicain, l’accord technique ou le simple retrait ». L’accord technique que le PS a presque toujours refusé aux listes de gauche ou écologistes était donc désormais admis. Lundi soir, interrogé sur la présence de candidats du PG dans les listes fusionnées, M. Cambadélis reconnaissait que ceux-ci étaient « présents tout en indiquant qu’ils ne participeraient pas à l’exécutif, qu’ils ne participeraient pas à la majorité ». « Mais pour battre la droite et l’extrême droite, ils sont là », a-t-il ajouté. En l’espèce, le mode de scrutin commande. Les fusions d’entre-deux tours, vilipendées à droite comme « contre-nature » ou « politiciennes », et parfois perçues à gauche comme des trahisons, découlent du mode de scrutin proportionnel à deux tours. Elles peuvent être « techniques » ou « programmatiques ». Dans le premier cas, il s’agit de permettre une représentation démocratique des électeurs d’une liste ayant fait plus de 5 % dans l’assemblée régionale, à charge pour ses élus d’y défendre les idées pour lesquelles ils ont été mandatés au premier tour. Dans le second cas, l’accord porte en sus sur un programme qui emprunte des éléments aux deux ou trois listes fusionnées, incluant généralement une participation des signataires à l’exécutif de la région, avec la solidarité de gestion qui en découle.

C’est le cas dans les Pays de la Loire, où Sophie Bringuy (PS) et Christophe Clergeau (EELV) affirment dans un texte commun qu’une « étude indépendante » sur l’optimisation de l’actuel aéroport, Nantes-Atlantique, « sera décidée par la région » et « lancée dès le début du mandat, avec l’objectif de la conclure avant fin septembre 2016 ». Mais aussi en Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes, où Alain Rousset (PS) a accédé à une condition clé d’EELV : que le conseil régional cesse de financer les lignes à grande vitesse. Le PS a eu plus de mal à faire accepter le retrait de ses listes dans les trois régions où le FN peut l’emporter. Mardi, à l’heure de notre bouclage, le socialiste Jean-Pierre Masseret excluait toujours de retirer sa liste en Alsace-Lorraine/Champagne-Ardenne, malgré les pressions parisiennes et les menaces d’exclusion de Solférino. Seule une démarche collective d’une majorité de ses colistiers, qu’il n’excluait pas, pouvait aboutir au retrait de sa liste. La décision de Solférino était aussi contestée en Paca, où le total des voix de gauche est supérieur à celui de Christian Estrosi. « La position de reddition en rase campagne dictée à Christophe Castaner n’est pas acceptable. Une autre voie est possible », voulait croire lundi le maire de La Seyne-sur-Mer (Var), Marc Vuillemot, dont un appel à déposer une liste fusionnée des « listes de gauche et de l’écologie du premier tour » avait été signé par le maire PS de Briançon, Gérard Fromm, le premier secrétaire du PS du Var, Bernard Giner, ou encore le chef de file régional du PRG, Jean-Louis Clément. « En décidant de se retirer de la course, le PS opte pour l’impuissance et la capitulation. Il prive ainsi les électrices et électeurs de la possibilité de choisir la voie du combat politique et de la résistance à l’extrême droite », tempêtait de son côté le communiste Jean-Marc Coppola qui codirigeait la liste EELV-FdG.

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