Le Pen écrit aux artistes
Avec ses grosses manières pataudes, Marine Le Pen s’est fendue d’une lettre d’amour aux artistes du Nord-Pas-de-Calais.
dans l’hebdo N° 1380 Acheter ce numéro
Un éléphant dans un magasin de porcelaine. Avec ses grosses manières pataudes, Marine Le Pen s’est fendue d’une lettre d’amour aux artistes de la région Nord-Pas-de-Calais (NPC), où elle est candidate. Sentant bien, car elle est finaude, qu’elle avait de ce côté-là un déficit de popularité, elle a tenté d’affiner sa plume. Ce qui donne : « Je tenais à m’adresser directement à vous pour vous dire combien, comme artistes, vous comptez à mes yeux pour la région. » C’est beau comme du Drieu La Rochelle dans sa meilleure période, façon 1940. Forçant sa nature, la présidente du Front national a utilisé des mots au début de sa lettre dont elle a vérifié le sens dans le dictionnaire, tant ils lui sont rares : « créer en toute indépendance », « la liberté et le talent » … Puis, elle-même se prenant au jeu de la création sans contrainte, elle a élucubré, peut-être aidée par une drogue douce, imaginant que le FN implanterait dans le NPC « des pépinières d’artistes » qui seront « des lieux de vie agréables et des espaces de travail et d’échange ». Trop cool ! Tout y sera gratuit, même « les services d’attachés de presse ». Et « des expositions des œuvres de ces artistes seront organisées dans la région et à Paris dans des lieux prestigieux comme le Grand Palais ». Là, c’est un peu chiche. Mme Le Pen aurait pu voir plus grand : le Stade de France ou le Vel’d’hiv – ah non, ce lieu-là n’existe plus. Puis, sortant de ses rêves embrumés, la voilà (comme Marion Maréchal) qui retrouve son naturel et s’attaque à l’art contemporain, qu’elle honnit, conforme en cela aux pulsions d’extrême droite. Sa missive s’achève ainsi dans les marais du populisme, aguichant les artistes en soif de reconnaissance : « Élus, nous serons les relations de ceux qui n’en ont pas. » Marine le Pen ne se refera pas. Elle voulait séduire avec élégance ? Elle fait misérablement le tapin.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don