Collignon se fait son film
Le cornettiste revisite des bandes originales des années 1970.
dans l’hebdo N° 1391 Acheter ce numéro
Sur la pochette, il a des airs du Delon des années 1980. Sauf que Médéric Collignon ne s’est pas attaqué à une filmographie hexagonale pour son album MoOvies, mais aux univers de Lalo Schifrin, David Shire et Quincy Jones, dans lesquels le cornettiste, saxhorniste et vocaliste s’aventure avec son quartet Jus de Bocse : Emmanuel Harang à la basse, Yvan Robillard au piano et Philippe Gleizes à la batterie.
Les trois compositeurs américains dont il est question sont nés dans les années 1930 et sont toujours vivants. Ils ont également en commun d’avoir marqué la bande originale de monuments de la culture populaire. Collignon ne s’est pourtant pas emparé des génériques de Starsky et Hutch, d’Austin Power ou des Hommes du Président (il a fait une exception avec Bullitt et Dirty Harry, par Quincy Jones), mais de morceaux tirés de films seventies comme Dollars, Sudden Impact ou The Lost Man, qu’il a piochés dans sa vidéothèque et choisis pour leurs correspondances, leurs ambiances électro-jazz-rock urbaines et nocturnes, leur décharge d’énergie.
En petite formation, le thème, surtout joué au cornet de poche à la Miles Davis, prend de l’ampleur. Le flic (ou gangster) se fait loup solitaire, le polar-farce louche vers le film noir. Dans le montage de Collignon, les originaux réarrangés gardent un son très années 1970, avec la tension des scènes d’action, mais livrent une texture moderne, moins orchestrale.
Celui qui est surnommé « l’enfant terrible » pour ses « dérapages burlesques » et sa traversée des styles avait déjà électrisé la musique d’Ennio Morricone. Le 20 février, il sera sur la scène du Châtelet avec, entre autres, -Natalie Dessay et Yanowski (chant) et Jean–François Zygel (piano et direction artistique) pour Passion, une comédie musicale en hommage à Boris Vian.