Les agriculteurs fauchés par la crise
La culture de la terre est prise en otage par les industriels, et les agriculteurs s’indignent d’être le dernier maillon de la libéralisation du marché.
dans l’hebdo N° 1392 Acheter ce numéro
La France rurale est en état d’urgence. Les agriculteurs craignent de s’enliser dans une crise économique sans fin. Les mobilisations et les opérations de blocage se multiplient, et une délégation sarthoise s’est rendue au domicile du ministre de l’Agriculture, au Mans, pour l’interpeller plus énergiquement encore. La baisse immédiate des cotisations sociales, « l’année blanche » accordée aux revenus les plus faibles, la promesse de certaines enseignes d’alimenter un fonds de soutien aux éleveurs porcins, la signature d’une « charte laitière de valeurs »… Si le gouvernement se satisfait d’avoir lâché du lest, seule la FNSEA estime avoir obtenu gain de cause. Les autres syndicats agricoles dénoncent une vision productiviste et considèrent ces avancées comme des rustines masquant le problème de fond. Car leurs revendications reposent sur deux piliers : l’Europe et la négociation des prix avec la grande distribution. À Bruxelles, les ministres de l’Agriculture se sont contentés de reporter l’élaboration de solutions au prochain conseil de l’UE sur les questions agricoles, le 14 mars. Une solidarité illusoire pour une profession en détresse, qui ne représente plus que 3 % de la population active française. Et regrette de ne plus avoir le poids politique d’antan. La culture de la terre est prise en otage par les industriels, et les agriculteurs s’indignent d’être le dernier maillon de la libéralisation du marché. La révolte gronde dans les champs, elle s’invitera sans surprise au Salon de l’agriculture, repaire traditionnel des hommes politiques, en campagne ou non.
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