Télé : N’oubliez pas les sondages !
En avril dernier, Nagui affirmait que France 2 avait commandé une étude sollicitant l’avis du public sur la présence à l’écran d’un présentateur d’origine arabe. Malaise au service public.
dans l’hebdo N° 1389 Acheter ce numéro
« Oui, sauf l’Arabe. » Interrogé par Aymeric Caron sur l’influence de ses origines sur son parcours télévisuel, c’est une véritable bombe à fragmentation qu’a larguée Nagui sur le plateau d’« On n’est pas couché », le 18 avril dernier. Une bombe visant son propre employeur dans une émission de France Télévisions.
Selon l’animateur vedette de France 2, en place depuis les années 1990, au début de leur collaboration, la chaîne aurait commandé un sondage posant cette question aux téléspectateurs : « Est-ce que cela vous dérange qu’un Arabe présente une émission à 19 heures sur notre chaîne ? » Une étude dont Nagui, né à Alexandrie, en Égypte, n’aurait pris connaissance qu’après son résultat favorable, s’interrogeant sur les velléités d’audience de ceux qui font les castings. « Ça a sûrement dû jouer sur la volonté de représentation d’une certaine catégorie de la population », mais « je n’ai jamais voulu être le faire-valoir d’une quelconque communauté ».
Une information rapidement démentie par le secrétaire général de France 2, Antoine Boilley, le lundi suivant la diffusion de l’émission de Laurent Ruquier. Des déclarations jugées pourtant « crédibles » par Pierre Tartakowsky, alors président de la Ligue des droits de l’homme, et « qui posent question au vu du caractère monocolore qui domine dans l’audiovisuel public » (L’Obs, 21 avril 2015).
Léa Salamé n’avait pas manqué d’enfoncer le clou sur le plateau. Rappelant le veto qu’aurait posé à l’époque la chanteuse Jeanne Mas, alors au faîte de sa gloire et en tournée dans différentes émissions, récusant de sa promo télé le présentateur : « Oui à tout, sauf l’Arabe. » Comme France 2, la chanteuse « en rouge et noir » a elle aussi démenti. Tandis que l’animateur, lui, dit recevoir encore aujourd’hui des courriers d’insultes, l’invitant à « retourner dans son pays », ou des tweets assassins : « Casse-toi sale musulman » ou « Casse-toi sale juif », c’est selon.