Europe : Le retour des murs
Face à une crise migratoire d’une ampleur inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays tentent d’endiguer les flux migratoires en rétablissant les contrôles à leurs frontières.
dans l’hebdo N° 1393 Acheter ce numéro
En 2015, plus d’un million de migrants ont risqué leur vie pour se réfugier sur les rives européennes. Depuis le début de cette année, 120 000 personnes ont accosté en Grèce et en Italie, plus de 400 autres ont perdu la vie dans les eaux méditerranéennes. Une crise migratoire d’une ampleur inégalée depuis la Seconde Guerre mondiale, face à laquelle l’Europe semble de plus en plus divisée. « L’UE, qui compte plus de 500 millions d’habitants et qui constitue l’ensemble politique le plus riche de la planète, s’est singulièrement montrée incapable d’apporter une réponse cohérente, humaine et respectueuse des droits humains », dénonce Amnesty International dans son rapport annuel. Incapable, surtout, de s’accorder.
La Commission européenne a beau tempêter contre les décisions « unilatérales », alerter sur l’impact économique d’une suspension de la libre circulation dans l’espace Schengen, appeler à une action concertée, de nombreux pays tentent d’endiguer les flux migratoires en rétablissant les contrôles à leurs frontières.
Ici et là, les discours se durcissent, étrange réaction à la montée de l’extrême droite que d’en adopter la rhétorique. Oubliée, la Convention de Genève. L’« urgence », semble-t-il, c’est d’immobiliser le flot des réfugiés à l’extérieur d’une forteresse européenne renforcée, comme si des murailles communes pouvaient pallier le morcellement de son unité. Une autre issue a pourtant été esquissée, celle d’une politique d’accueil partagée entre les États-membres. Elle risque aujourd’hui de disparaître sous les discordes de pays peu enclins à la solidarité.
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