La Commission européenne vient au secours des agriculteurs
Bruxelles a annoncé lundi 14 mars des mesures pour tenter de juguler la crise qui secoue les agriculteurs européens, la France en tête.
Mieux vaut tard que jamais. Le Commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, a annoncé lundi de nouvelles mesures de soutien au secteur agricole en proie, depuis un certain temps déjà, aux affres de l’économie de marché. Ce nouveau plan d’urgence vise essentiellement les filières du lait et de la viande de porc grevées par l’effondrement des prix lié à une baisse chronique de la demande.
« Aujourd’hui nous produisons à perte et nous attendons de l’Europe qu’elle remette en place des mécanismes qui existaient par le passé pour nous empêcher de faire faillite », explique François Lejeune, vice-président de l’Association des jeunes agriculteurs de Wallonie.
Le plan proposé par Phil Hogan s’articule autour de mesures visant à protéger, au moins temporairement, les agriculteurs européens des aléas de l’économie. Le Commissaire européen s’est dit « prêt à proposer » l’activation d’une mesure permettant aux agents du secteur laitier qui le souhaitent de s’entendre sur des limitations de la production, et ce pendant six mois.
Des mesures multi-sectorielles
Concernant le lait écrémé en poudre et le beurre, Phil Hogan a proposé un doublement pour une période limitée des capacités de stockage. Une bonne nouvelle pour les agriculteurs français dont le niveau a été rehaussé à hauteur de 160.000 tonnes, contre 109.000 actuellement. Quant aux agriculteurs de la filière porcine, ils se sont vus proposer un nouveau schéma de soutien au stockage privé de carcasse ainsi que la mise en place d’un Observatoire du marché de la viande (bovine et porcine). Le plafond des aides d’É6tat à notifier à la Commission a également été triplé, celles-ci pourront désormais atteindre la somme de 15.000 euros.
Phil Hogan n’a pas oublié le secteur des fruits et légumes puisque les mesures de soutien exceptionnelles mises en place à la suite de l’embargo russe seront prolongées d’une année. Mais Bruxelles a mis un frein aux demandes de plusieurs pays réclamant des crédits à l’exportation. L’organisme ne souhaite pas engager de nouvelles dépenses financées par de l’ « argent frais ». S’ajoute à cela des réticences à utiliser « la réserve de crise » européenne financée par les agriculteurs.
Le message est clair : si la Commission entend mettre en place un nouvel outil de régulation, pas question de renflouer le plan d’urgence européen lancé il y a six mois et pour lequel elle prévoyait déjà de débourser 500 millions d’euros. Ces mesures sont un véritable pari sur l’avenir puisqu’elles visent à maintenir à flot les agriculteurs le temps que l’embargo russe soit levé et que les surplus produits trouvent preneur.
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