Le rapport qui annonce la pénurie d’eau pour 2030
Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement la calamiteuse gestion de l’eau et les gaspillages aboutiront à de graves pénuries dans le monde d’ici 15 ans
Si les niveaux de consommation, de gaspillage et de pollution ne changent pas d’ici à 2030, la moitié des habitants de la planète devra alors faire face à de sérieuses pénuries d’eau. Telle est la conclusion sans appel du « International Ressource Panel » (IRP), un groupement de 27 scientifiques et de représentants de 33 gouvernements. Lié au PNUE, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, cet organisme de recherches et de prospective, explique, dans son rapport publié à Nairobi il y a quelques jours, que si la courbe de la demande en eau se poursuit, elle dépassera de 40%, et en de nombreuses régions, le niveau de la ressource disponible. Ce qui remettra en cause, explique l’introduction de l’étude, « le bien-être de dizaines de millions d’habitants de la planète ».
D’après le rapport, les exigences mal contrôlées de l’agriculture (70 % de l’usage de l’eau) et des centres urbains ainsi que l’évolution du climat ou les changements d’habitudes de l’alimentation, seront les principales causes de l’aggravation de ces pénuries. Sans que de nombreux pays songent pour l’instant à modifier leurs attitudes, persuadés, sincèrement ou non, que le laxisme dans leurs politiques de gestion de l’eau est sans conséquences graves et que tout peut-être réglé « par un barrage de plus». Les scientifiques citent plusieurs exemples de mauvaise gestion ou d’absence de gestion à long terme « liés à l’ignorance des cycles hydrologiques » et aussi à « la multiplications des ouvrages gigantesques et des systèmes d’irrigation mal conçus » ; ils évoquent notamment la situation de l’Afrique-du-Sud où la différence entre la ressource disponible et la demande atteint déjà 2 970 millions de mètres cubes par an alors qu’une gestion rigoureuse permettait au pays d’économiser 150 millions de dollars d’équipements par an à partir de 2030. En Inde, une modification des pratiques agricoles pourrait aboutir à une réduction de 80% des gaspillages : qu’il s’agisse d’une rotation systématique des cultures, d’un recours au mulching (1) sur les terres ou aux engrais organiques remplaçant les engrais chimiques. La Chine est également citée pour son imprévoyance.
Pour ce qui concerne les mégapoles en proie aux gaspillages et aux fuites, une gestion plus rigoureuse pourrait réduire de 100 à 120 milliards de mètres cubes par an leurs consommations d’eau sans remettre en cause l’approvisionnement quotidien des habitants. C’est à propos de ces grandes métropoles (Calcutta, Lagos, Los Angeles ou San Paulo…) que les experts du PNU sont les plus pessimistes, évoquant même de véritables « guerres de l’eau » à venir si les tendances ne sont pas inversées rapidement. A la fin de leur rapport, l’IRP délivre un seul bon point : l’Australie qui a réussi à réduire sa consommation de l’eau de 40% entre 2001 et 2009 tout en augmentant sa croissance économique de 30 %.
Commentaire d’Achim Steiner, le Directeur exécutif du PNUE :
Un accès régulier à de l’eau douce de bonne qualité est la pierre angulaire d’un développement durable. Quand l’eau propre et potable est constamment inaccessible, ce sont les populations les plus pauvres qui doivent dépenser des fortunes pour s’en procurer ou gaspiller un temps précieux pour aller en chercher.
Un seul problème : le PNUE n’est qu’un organisme consultatif des Nations Unies ne disposant d’aucun pouvoir de décision…
(1) Ependage de matières végétales réduisant l’évaporation
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