Le réveil des humanoïdes

Pascal Reverte livre le récit halluciné d’une résurrection sous morphine.

Gilles Costaz  • 2 mars 2016 abonné·es
Le réveil des humanoïdes
© **I feel good**, Les Déchargeurs, Paris, 01 42 36 00 50, jusqu’au 26 mars. Photo : Marie-Clémence David

Le titre est en anglais : I feel good ! Scandale ? Non, c’est une citation, une référence à la chanson de James Brown, dont on entendra au cours du spectacle la version (feutrée) d’Arthur H. « Je me sens bien », dit le personnage, mais seulement au terme d’un voyage entre la vie et la mort : 29 secondes pendant lesquelles un homme s’écroule, n’appartient plus guère au monde des vivants, puis renaît grâce à la médecine d’aujourd’hui.

L’auteur, Pascal Reverte, s’est inspiré d’une douloureuse expérience personnelle : une hospitalisation d’urgence et le réveil dans une salle de réanimation. Il fait se croiser deux personnages au moment où la conscience est distordue par la morphine. Ils se parlent sans se parler. Les pensées, les souvenirs les traversent comme les poissons vont et viennent dans un aquarium. Ils songent au passé, au présent, aux détails de la prise en charge médicale (l’ascenseur, les infirmiers, les brancards…). Ils délirent. Ils sont pathétiques et ils sont drôles.

Pascal Reverte joue lui-même l’un des revenants, avec Aude Léger : ils sont des scaphandriers sans combinaison, des humanoïdes tellement humains ! Vincent Reverte, frère de l’auteur, a fait la mise en scène : décor abstrait strié de lignes comme celles que les ordinateurs tracent pour figurer la vie, immobilité et tangage des corps selon les moments. Le spectacle, touchant, à la fois chaud et froid, saisit bien l’émergence de nos pauvres facultés mentales se libérant du mal et des effets flottants de la drogue. Et il est à mettre au crédit d’une troupe, le Tour du cadran, qui mène un travail exemplaire à La Manekine, à Pont-Sainte-Maxence, dans l’Oise.

Théâtre
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