Au Luxembourg, le procès de l’information
Édouard Perrin, Raphaël Halet et Antoine Deltour sont accusés d’avoir fait fuiter des milliers de documents révélant les pratiques d’évasion fiscale.
dans l’hebdo N° 1401 Acheter ce numéro
Alors que les révélations autour des Panama papers se poursuivent, et moins d’une semaine après le vote par les députés européens de la directive sur le « secret des affaires », c’est un procès brûlant qui se tient à partir du 26 avril au Luxembourg. Édouard Perrin, journaliste de « Cash Investigations », et deux anciens employés du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC), Raphaël Halet et Antoine Deltour, sont accusés d’avoir fait fuiter des milliers de documents révélant les pratiques d’évasion fiscale de multinationales établies au Grand-Duché.
À l’automne 2014, le scandale des « LuxLeaks » avait mis en lumière les accords conclus entre les autorités luxembourgeoises et des entreprises comme Amazon, Ikea ou encore McDonald’s. Des arrangements permettant à ces dernières de payer un impôt dérisoire sur leurs bénéfices. Accusés de « vol domestique », « violation de secret professionnel » ou encore de « divulgation de secrets d’affaires », les trois accusés risquent au maximum dix ans de prison et 1,3 million d’euros d’amende.
Ce procès tombe plutôt mal pour le Luxembourg, qui peine à se départir de son image de havre fiscal pour les entreprises, et ce en plein scandale panaméen. Il doit durer jusqu’au 4 mai et sera suivi de près par les ONG anti-corruption.
À l’origine de la première fuite de documents, le lanceur d’alerte Antoine Deltour n’a jamais regretté son geste : « Je ne comprends pas comment je pourrais être victime d’une lourde peine alors que j’ai agi dans l’intérêt général », déclarait-il il y a peu. Nous non plus.
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