Explorateur de l’espace
Entre arts visuels, architecture et danse, une pièce et une installation invitent à découvrir l’univers de Jocelyn Cottencin.
dans l’hebdo N° 1400 Acheter ce numéro
Formé en art et en archi-tecture, Jocelyn -Cottencin développe une pratique artistique foncièrement hétérodoxe, au croisement de plusieurs disciplines, en cultivant un intérêt particulier pour la danse contemporaine. Ainsi entretient-il une collaboration étroite avec les chorégraphes Loïc Touzé et Emmanuelle Huynh, pour lesquels il a élaboré les dispositifs scéniques de plusieurs pièces.
Avec Emmanuelle Huynh, Jocelyn -Cottencin a également réalisé A taxi driver, an architect and the High Line, superbe installation vidéo, à forte teneur chorégraphique. Activée début mars dans le cadre de l’excellent festival DañsFabrik, l’installation est visible jusqu’au 30 avril à Brest, au centre d’art contemporain La Passerelle.
Portrait distancié de New York, entre documentaire et fiction, l’œuvre se compose de trois courts films projetés sur trois écrans hissés sur des structures en bois. Chacun s’attache à un élément emblématique de cette ville que le cinéma a rendue mythique : un chauffeur de taxi (Phil Moore), un architecte (Rick Bell) et la High Line, parc linéaire suspendu (à l’emplacement d’une voie ferrée aérienne désaffectée) au-dessus de Manhattan sur plus de deux kilomètres et devenu un lieu de promenade très prisé des New-Yorkais. Sous ces trois angles convergents, la Grosse Pomme est ici croquée d’une manière fort singulière, au fil d’une déambulation lunaire, subtilement parsemée de haïkus chorégraphiques transformant l’espace urbain en un vaste terrain de jeu poétique.
Parallèlement à cette installation, on peut également voir Monumental, pièce performative conçue par Jocelyn Cottencin et présentée au Centre Pompidou les 21 et 22 avril. Partant d’une réflexion sur la notion de monument, la pièce transforme l’espace scénique – un rectangle délimité par des petits tas de vêtements répartis par couleurs – en un étrange site de (dé)construction éphémère, à l’intérieur duquel les treize interprètes ont pour tâche, une heure durant, de représenter des monuments, tableaux ou statues, sans autres accessoires que leurs corps, les vêtements et de longues baguettes de bois.
Avec la gravité légère propre aux jeux d’enfants, cette communauté mal fagotée – mais bien affûtée – mène vaille que vaille son insolite entreprise et bouscule joliment au passage nos modes de perception.