Front populaire: Un enjeu de mémoire
Le 3 mai 1936, le Front populaire emportait les élections législatives. Cette victoire largement acquise, portait au pouvoir une majorité allant pour la première fois des radicaux aux communistes. Et pour la première fois aussi, cette coalition était dirigée par un socialiste, Léon Blum. En quelques semaines elle adopte d’importantes réformes sociales, allant bien au-delà du programme initial. Car la victoire électorale a levé un vaste mouvement de grèves avec occupation d’usines qui a permis d’imposer un rapport de force favorable au monde du travail.
Quatre-vingt ans plus tard, ce moment d’exception reste un enjeu de mémoire. Le PS et François Hollande ont prévu cette année de s’en réclamer, contrairement à l’attitude qui était la leur il y a dix ans. Jean-Christophe Cambadélis, qui a fait éditer une affiche pour fêter la victoire de 1936, doit prononcer le 1er-Mai à 11h un discours d’hommage à Léon Blum sur la place parisienne qui porte son nom. Le chef de l’État a prévu, lui, de clôturer le 3 mai au théâtre du Rond-Point un colloque organisé par la Fondation Jean Jaurès, le think tank Terra nova et la Fondation européenne d’études progressistes. Son thème : « La gauche et le pouvoir. »
Au moment où, avec la loi travail notamment, le gouvernement revient sur l’œuvre du Front populaire, cette insistance des « socialistes » à rappeler leur filiation n’est pas exempte de calculs. Parfois sans aucune finesse, comme lorsque le PS convoque Léon Blum pour un entretien posthume qui vise à légitimer la politique du gouvernement et à comparer « la Belle alliance populaire », le petit regroupement initié par M. Cambadélis, à la coalition du Front populaire. Pour mesurer l’ampleur de ce détournement historique, il n’est pas inutile de relire le dossier que nous avions consacré, il y a dix ans à ce moment historique. Nous le republions à dessein en accès libre.
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