Inégalités territoriales : le cri d’alarme du Secours catholique
Si la région Île-de-France est la plus riche, elle est aussi la plus inégalitaire de France. Certaines zones s’enfoncent dans la pauvreté.
La fracture territoriale s’aggrave en Île-de-France, creusant toujours plus les inégalités entre les départements les plus riches (les Hauts-de-Seine en tête) et les plus pauvres, comme la Seine-Saint-Denis. 1, 8 millions de personnes vivent avec moins de 990 euros par mois, dont la moitié avec moins de 750 euros. C’est le constat que dresse le Secours catholique dans un rapport publié lundi.
En huit ans (de 2004 à 2012), la proportion des ménages pauvres y a augmenté deux fois plus vite que dans le reste du pays (+5 contre +2,6 en France métropolitaine). La pauvreté progresse d’autant plus dans les départements aux revenus les moins élevés : la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise et le Val-de-Marne.
Un enfant francilien sur quatre est pauvre
La précarité touche aussi les enfants. Le taux de pauvreté infantile a atteint 24,3 % en 2013 (contre 22% quatre ans auparavant). Un pourcentage trois fois plus important en Seine-Saint-Denis (41,8 %) que dans les Yvelines (15,4%).
Plus inquiétant encore, cette pauvreté a des conséquences directes sur l’éducation et la santé, selon ce rapport qui pointe des inégalités territoriales majeures. Des disparités qui se traduisent dans l’échec scolaire, mais aussi dans un taux de mortalité due au cancer plus élevé, une progression de l’obésité et de l’insécurité alimentaire.
Hébergement d’urgence et logement social : une répartition inéquitable
L’ONG dénonce également une concentration des centres d’hébergements dans les zones les moins favorisées, ajoutant ainsi de la pauvreté à la pauvreté. C’est notamment le cas pour la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, deux départements défavorisés où se concentrent les logements et hôtels sociaux.
La Seine-Saint-Denis a couvert 27 % des besoins exprimés, alors que les départements doivent se répartir les ménages à héberger d’urgence. Le département le plus pauvre de tous est aussi celui qui contribue le plus à l’hébergement d’urgence. Parallèlement, certaines zones plus favorisées comme le XVIe arrondissement de Paris, n’en comptent aucun.
« Les logements sociaux actuellement construits ne sont pas adaptés au profil des demandeurs », alerte le Secours catholique. L’ONG déplore le manque de logements dits « très sociaux » pour les foyers aux revenus les plus modestes.
Un « changement radical dans la politique d’aménagement »
L’organisation caritative appelle à un « changement radical dans la politique d’aménagement » et souhaite rencontrer Valérie Pécresse, présidente LR d’Île-de-France. Elle demande notamment « un plan de construction réellement accessibles aux personnes les plus pauvres ». Elle réclame que ces nouveaux logements sociaux soient établis dans les communes « les plus favorisées au plan économique », pour rééquilibrer le territoire francilien.
« La question c’est où on met ces logements sociaux et comment combattre l’égoïsme de certains lieux qui refusent toute forme de solidarité », s’interroge le responsable du Secours catholique.
Une question qui fait directement écho à la polémique crée par les riverains du XVIe arrondissement de Paris, face au projet d’un centre d’hébergement pour SDF, le premier qu’accueillerait le quartier. Un projet de logements sociaux y a d’ailleurs été retardé de huit ans, suite aux multiples recours déposés par les associations d’habitants, alors que le XVIe ne compte que 4% de HLM (contre 20% minimum visé par la loi SRU).
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