La Turquie procède à des expulsions forcées vers la Syrie
Amnesty International dénonce l’illégalité et l’inhumanité des renvois forcés de réfugiés syriens vers la Syrie, dont des femmes et des enfants sans leurs parents.
L’ONG accuse les autorités turques de renvoyer illégalement des centaines de réfugiés syriens vers leur pays ravagé par la guerre. Des renvois collectifs que l’ONG a constaté dans la province de Hatay, située à une trentaine de km à l’ouest d’Alep.
Nul n’est épargné par ces expulsions, explique Amnesty International. Trois enfants ont été renvoyés en Syrie sans leurs parents, une femme enceinte de huit mois, mais aussi des Syriens ayant été enregistrés par les autorités turques. En principe, cet enregistrement leur confère pourtant le statut d’ « invité », leur donnant un accès gratuit aux soins. Mais selon les témoignages recueillis par l’organisation, des Syriens enregistrés ont quand même été renvoyés après avoir été appréhendés sans leurs papiers.
Autant d’expulsions forcées qui sont illégales puisqu’interdites par le droit turc, les règles européennes et le droit international. Des pratiques inhumaines qui, sur place, ne seraient « un secret pour personne », selon le rapport d’Amnesty International paru ce 1er avril.
Or, toujours selon l’ONG, ces expulsions dissuaderaient les migrants de se signaler aux autorités et donc, de bénéficier de la protection accordée après enregistrement. Une situation qui plongent les réfugiés en Turquie dans une plus grande précarité.
Amnesty International met en garde l’Union européenne
Dans leur hâte désespérée de bloquer les frontières, les dirigeants de l’UE ont volontairement ignoré le plus simple des faits : la Turquie n’est pas un pays sûr pour les réfugiés syriens, et devient de moins en moins sûr chaque jour.
Ces expulsions collectives forcées illustrent les failles profondes de l’accord UE-Turquie, et ses effets pervers. C’est en tout cas ce que dénonce l’ONG, estimant que ses informations sont la preuve que la Turquie n’est pas un pays sûr pour les réfugiés. D’où ce jugement sévère de John Dalhuisen, directeur d’Amnesty pour l’Europe :
Cet accord ne permet pas à l’Union européenne de faire pression sur la Turquie afin qu’elle améliore la protection des réfugiés syriens : « L’UE incite en fait à faire le contraire », avertit l’ONG.
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