Le renouveau du nationalisme corse
Il y a exactement quarante ans, naissait le FLNC. Aujourd’hui, l’abandon de la lutte armée a profondément changé la donne en Corse.
dans l’hebdo N° 1402 Acheter ce numéro
Il y a exactement quarante ans, le 5 mai 1976, une dizaine de militants armés apparaissent, encagoulés, dans le couvent de Casabionda – lieu symbolique où le « père de la nation corse », Pasquale Paoli, proclama l’indépendance en 1755. Ils donnent une conférence de presse clandestine au lendemain d’une première « Nuit bleue », avec une vingtaine d’explosions (sans victimes) en Corse et dans le sud de l’Hexagone. Le FLNC vient de naître publiquement, huit mois après la première action armée dans une ferme viticole de pieds-noirs à Aleria, localité au sud de Bastia, pour protester contre l’octroi de terres aux rapatriés d’Algérie et aux continentaux, au détriment de la population corse.
Aujourd’hui, deux ans après que la branche principale du FLNC a officiellement déclaré renoncer à la violence politique, les deux courants du mouvement nationaliste insulaire, autonomistes de Gilles Simeoni et indépendantistes de Jean-Guy Talamoni, unis au second tour, ont remporté en décembre dernier les élections territoriales. L’abandon de la lutte armée a profondément changé la donne en Corse, leur permettant sans aucun doute d’accéder pour la première fois aux responsabilités à Ajaccio, à la tête de la Collectivité territoriale. Alors que Paris a montré bien peu de signes d’ouverture, commence pour le mouvement nationaliste une nouvelle phase de son histoire, sommé désormais de dépasser la simple contestation pour se confronter au réel. Sans grande marge de manœuvre budgétaire, et avec de fortes attentes de la part d’une population fragilisée économiquement.
dossier réalisé à Ajaccio
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