Mais que fait la police ?
Des manifestants paisibles, des pères et des mères de famille, accompagnés parfois d’enfants, se sont retrouvés piégés comme dans une nasse au sein du défilé du 1er mai.
dans l’hebdo N° 1402 Acheter ce numéro
« Gazeneuve ». C’est le nouveau surnom, simple et circonstancié, du ministre de l’Intérieur. Bernie le Chimique l’a mérité après les exploits réalisés par sa police lors du 1er Mai. Des manifestants paisibles, des pères et des mères de famille, accompagnés parfois d’enfants, se sont retrouvés piégés comme dans une nasse au sein du défilé, recevant des jets de lacrymogène généreusement dispensés quand ils ont tenté de se dégager. Le soir même, à Nuit debout, la police continuait à écouler son stock, choisissant ses cibles selon des critères de sélection tout relatifs. Sur les réseaux sociaux, les témoignages de gazages intempestifs se sont multipliés. Exemple, ce tweet de Martine Billard : « République, sortie du métro. Un flic balance des lacrymos à une jeune. Pourquoi, demande-t-elle ? Ça réveille, répond-il. »
La préfecture de police a eu beau expliquer qu’« un groupe de 300 individus violents » s’était posté au-devant de la manifestation, la stratégie des forces de l’ordre sur le terrain reste, pour le moins, confuse. Ou perverse, si l’on met bout à bout tous les actes de violence gratuite accomplis. Plus que les « casseurs », n’est-ce pas les mouvements citoyens et les mobilisations sociales qu’on cherche à impressionner, alors que nombre de médias se focalisent sur ce qu’ils appellent des « débordements » ?
Une vidéo, réalisée par Matthieu Bareyre et Thibaut Dufait, circule aujourd’hui sur Internet. On y voit les circonstances d’interpellations, place de la République, dans la nuit du 28 au 29 avril. Comme dans Blow-Up, le film d’Antonioni, les deux filmeurs ont zoomé et recadré pour mieux documenter ces exactions qui leur avaient échappé à l’œil nu. Un homme jeune, face contre terre, est menotté. Un policier lui donne deux coups de poing sur la tête. Relevé, les deux mains contraintes derrière le corps, il reçoit en pleine face un nouveau coup. Un autre jeune, dans la même situation, est frappé au ventre. Ces actes, d’une parfaite lâcheté, constituent des délits. Le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre, si soucieux de l’ordre républicain, ne les ont pas encore dénoncés. Ils se rendent ainsi complices de voyous sous uniforme, auxquels ils assurent l’impunité.
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