Sonny Rollins : On the Sonny side
Deux entretiens avec le géant Rollins, qui se voit comme un « work in progress ».
dans l’hebdo N° 1402 Acheter ce numéro
Des cats de la génération et de la trempe de Sonny Rollins, il n’y en a plus guère. Né en 1930, Theodore Walter (son vrai nom) a commencé sa carrière en 1946. Ses 70 ans de musique sur deux siècles, à jouer aussi bien avec Coleman Hawkins, Miles Davis, Charlie Parker ou John Coltrane que Branford Marsalis, Joshua Redman, Steve Grossman ou Chris Potter, en font un témoin et un modèle exceptionnels.
« Cellules rythmiques obsessionnelles, phrase élastique, sonorité puissante et majestueuse, chaude et charnue, imagination mélodique prolifique, fulgurance du trait, improvisation qui se développe par transformation de motifs récurrents », résume le journaliste Franck Médioni dans un petit livre d’entretiens avec le géant Rollins. Le premier a été réalisé à Évian en 1996 et publié dans Musica Falsa deux ans plus tard. Le second, où le musicien discute de respiration circulaire, de transmission orale entre ténors et de réseau de vibrations avec le saxophoniste David S. Ware, est sorti en 2005 dans Jazz Magazine. Deux textes agrémentés d’une introduction biographique et d’une postface où son contemporain français, le saxophoniste Jean-Louis Chautemps, élabore un commentaire sur la spiritualité de l’inachevé.
« J’ai toujours fonctionné comme un work in progress, confie Sonny Rollins à Franck Médioni, toujours apprendre, toujours essayer d’être meilleur, c’est une quête perpétuelle. J’essaye toujours de jouer ce que je n’ai jamais joué, de changer […]. Rien n’est jamais acquis, tout est toujours à faire. C’est précaire, dangereux, mais c’est ce qui fait du jazz une grande musique. » Et Chautemps d’embrayer : « Ne jamais oublier que la musique est insurrectionnelle. […] Ne pas attendre d’être doué. […] Le musicien joue pour changer le monde. »