EELV : Un congrès pour rien ?

Alors que le parti va plus mal que jamais, EELV s’est contenté du service minimum.

Pauline Graulle  • 15 juin 2016 abonné·es
EELV : Un congrès pour rien ?
© Photo : ALAIN JOCARD/AFP.

À défaut de révolution, on s’attendait à l’union sacrée. Il n’y eut ni l’un ni l’autre, samedi dernier, à Pantin (93). Alors que le parti va plus mal que jamais, EELV s’est contenté du service minimum. Bénéficiant d’une courte majorité (60 % des suffrages), la direction est certes un peu remaniée : David Cormand, proche de Cécile Duflot, reste secrétaire national, mais quatre nouvelles têtes font leur entrée au bureau exécutif. Pourtant, en dépit de la convergence historique autour de la nécessité d’une rupture claire avec le PS – qui a motivé 4 motions sur 5 –, ça coince toujours sur les questions de personnes.

Outre les traditionnels socialo-­compatibles (leur motion a réuni 15 % des votes), l’aile la plus à gauche d’EELV (16 %) a persisté dans son refus de fusionner avec la majorité. Quitte à passer pour la sempiternelle fauteuse de troubles. « On nous a proposé des postes, mais on ne voulait pas apparaître comme une caution, alors que ceux qui ont coulé le parti sont reconduits sans même que le bilan ait été fait ! », s’indigne Élise Lowy, première signataire de la motion, qui doute que la « nouvelle » direction tienne parole sur le cordon sanitaire autour du PS. « Ce congrès est une occasion manquée, grince la députée européenne Karima Delli. Duflot et ses amis gardent le pouvoir, mais le pouvoir sur quoi ? Ce parti est en décomposition. »

S’il n’est pas loin de penser la même chose, Alain Coulombel, éminence grise de l’aile gauche, a, lui, opté pour une autre stratégie en acceptant la fusion avec la majorité sortante : « Vu la situation, il fallait prendre le risque de la confiance. On ne pouvait pas faire comme d’habitude et rester ­divisés », plaide-t-il, arguant qu’il pèsera davantage à son nouveau poste de secrétaire national adjoint « chargé du projet politique » que dans l’opposition interne.

Lui et ses camarades de l’exécutif auront fort à faire pour rénover le parti de fond en comble, comme ils l’affirment. Miné par la débâcle parlementaire et militante (moins de 6 000 adhérents à ce jour), EELV entre dans une crise financière majeure. Une gageure en cette année pré-présidentielle.

Une élection à laquelle Alain Coulombel ne croit guère : « La vraie question, c’est “l’après”. Et la situation sera telle que la recomposition s’imposera à gauche. » Préparer la suite tout en sauvant les meubles ? Pour l’auto-proclamé « congrès de la dernière chance », on aurait pu rêver mieux.

Politique
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