Notre-Dame-des-Landes : C’est « oui »… au clash
Les opposants à l’aéroport n’ont pas dit leur dernier mot.
dans l’hebdo N° 1410 Acheter ce numéro
La démocratie, le verdict des urnes… À écouter le gouvernement et les pro-aéroport, la consultation de dimanche dernier sur le projet de « transfert » des équipements de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes serait un juge de paix définitif. Le « oui » à 55 % est un résultat « très net », les travaux « débuteront à l’automne » et les occupants « doivent évacuer la ZAD ». Rien n’est moins sûr. Car, sous son apparente modernité, ce recours aux citoyens décidé par François Hollande en février dernier (une première pour un tel dossier)porte en germe un sérieux risque d’aggravation de ce conflit vieux de près de cinquante ans.
L’exécutif a pu croire les opposants coincés par cette porte de sortie : boycotter les urnes aurait été mal compris du public, alors que les militants ont toujours prôné le débat. Et accepter d’y participer, comme ce fut le cas, les soumettrait logiquement à en accepter le résultat – un « oui » très prévisible en raison du périmètre choisi par les autorités : seuls les électeurs de Loire-Atlantique, favorables d’après les sondages, étaient convoqués.
Pourtant, le piège pourrait bien se refermer sur le Président. Tout d’abord, la constitutionnalité du référendum sera contestée en justice, avec des arguments crédibles (vote d’un seul département sur un projet financé par le « Grand Ouest »…). Ensuite, il reste des recours, notamment pour infraction aux règles environnementales de l’Union : encore des délais.
Cultivant sa raideur, le Premier ministre a, de surcroît, révélé que la version retenue pour le projet – et non précisée dans la question posée aux électeurs – est la plus pharaonique des trois sur la table (deux pistes grande longueur, coût proche d’un milliard d’euros, etc.). En dépit d’une crédibilité mise à mal par des contre-expertises indépendantes, et même une étude du ministère de l’Écologie au printemps dernier.
Cette consultation biaisée laisse donc une fois de plus un sentiment de mépris aux tenants du « non », qui ont déclaré qu’ils ne lâcheraient pas prise. Le score du « oui » – bien moins « net » que présagé par les sondages – peut même les y encourager. À Nantes, surprise : les deux camps font même jeu égal.
Certes, l’exécutif n’espère plus la moindre voix des anti-aéroport à l’approche de 2017. Mais la fermeté de Valls, poussé par la droite, fait craindre de nouveaux affrontements avec les occupants de la zone. À l’automne 2012, les 1 200 policiers et gendarmes de l’opération César de « nettoyage » de la ZAD n’en étaient pas venus à bout. Avec pour conséquence l’extension de l’opposition à l’échelon national.