Village recherche instit
En Ardèche, les habitants de Saint-Pierreville occupent depuis plusieurs jours l’école du village, pour réclamer l’ouverture d’un troisième poste à la rentrée prochaine.
La cour de récréation a pris des allures de camping. Au-dessus des tentes alignées, des banderoles ont été déployées. Sur des toiles blanches en grandes lettres dorées, on y lit : « Tous mobilisés pour le troisième poste ».
A Saint-Pierreville, petit village ardéchois rural de 550 habitants, les parents d’élèves occupent l’école primaire depuis deux semaines, 24h sur 24. Ils réclament l’ouverture d’un troisième poste d’enseignant, pour prendre en charge les 55 élèves inscrits à la rentrée prochaine. Les institutrices étant bloquées hors de l’école, des parents et des habitants du village font cours à leur place, sur la thématique du vivre-ensemble.
Une mobilisation qui fait des vagues. L’inspecteur académique s’est déplacé la semaine précédente pour tenter de convaincre les parents de laisser les enseignantes faire à nouveau classe, alors qu’à l’académie, on accuse les parents de prendre en otage leurs enfants.
En vain : l’inspecteur a décidé l’annulation d’une sortie scolaire inter-école prévue de longue date ce mardi 14 juin. « Un chantage, pour Sylvie Liange, parent d’élève. On nous dit : si vous continuez à occuper l’école, alors on punit vos enfants. »
La problématique de l’école en milieu rural
Le 20 mai dernier, un comité interministériel sur la ruralité, qui se tenait tout près de Saint-Pierreville, affirmait cependant que « les postes d’enseignants sont répartis en fonction de l’évolution du nombre d’élèves mais aussi désormais de la difficulté sociale et de l’isolement géographique des territoires. » Mais, alors que le village ardéchois est isolé de tout centre urbain à moins d’une heure de route, c’est bien le nombre d’élèves qui semble prévaloir sur les autres critères.
Saint-Pierreville est loin d’être la seule commune du département à demander un poste d’enseignant supplémentaire. Selon Sylvie Liange, « 20 écoles demandent plus que ce qu’on leur propose en Ardèche. Tout le monde ne peut pas être satisfait. »
Une situation qui témoigne d’une réalité et qui pose la question de l’enseignement en milieu rural. « Les apprentissages fondamentaux deviendraient-ils moins fondamentaux à la campagne ? », s’interrogent les parents de Saint-Pierreville dans leur lettre adressée à la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. « Nous sommes toujours aussi déterminés à faire entendre la réalité indécente de ce que devient l’éducation nationale en milieu rural », affirment les parents.
Les parents se réunissent ce mardi soir pour voter la poursuite de l’occupation de l’école.
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