Avec ou sans EELV

Après l’abandon de Nicolas Hulot, Cécile Duflot pourrait tenter sa chance sans forcément en passer par une désignation du parti.

Michel Soudais  • 13 juillet 2016 abonné·es
Avec ou sans EELV
© Photo : PATRICK KOVARIK/AFP

Jamais deux sans trois. Le renoncement de Nicolas Hulot à se porter candidat à la présidentielle pour incarner l’écologie marque définitivement l’échec d’une candidature hors parti dans cette mouvance. Elle semblait pourtant promise à un bel avenir. Un appel en faveur de sa candidature avait recueilli 55 000 signatures en quelques semaines. Des sondages le créditaient d’un score compris entre 9 et 11 % au premier tour de la présidentielle. Et tous les responsables d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) étaient prêts à le soutenir, quand bien même Nicolas Hulot prévenait que sa possible candidature serait « affranchie de tout appareil politique, hors parti ». Déjà, des militants et des intellectuels réunis par lui la préparaient activement. Les statuts de son association de financement venaient d’être déposés quand, le 5 juillet, par un communiqué, Nicolas Hulot déclarait qu’il ne pouvait « endosser l’habit de l’homme providentiel et présidentiel ». « Je ne me sens ni suffisamment armé ni suffisamment aguerri pour cela », écrivait-il.

L’ex-présentateur d’« Ushuaïa » avait déjà renoncé en 2007, malgré l’immense élan de sympathie créé autour de son Pacte écologique, lancé début novembre 2006 pour imposer l’écologie dans la campagne présidentielle en mobilisant les citoyens. Au terme du scrutin, plus de 700 000 personnes l’avaient signé, dont les cinq principaux candidats. En 2012, sans adhérer à EELV, qu’avaient rejoint plusieurs de ses proches, il avait inscrit sa démarche dans la primaire de la formation écolo. Les sondages le donnaient largement gagnant, mais l’appareil lui avait préféré Eva Joly. Déçu et amer, il n’avait pas fait campagne pour sa rivale et même déclaré, après l’élection, avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon, le trouvant plus pédagogue et plus performant sur les questions environnementales. Avec ce troisième renoncement pour « raisons personnelles », l’ex-animateur et producteur de télévision reconnaît qu’il n’est pas et ne sera jamais un homme politique. Ce qui faisait sa force aurait été sa faiblesse dans une élection reconnue comme très dure.

Cécile Duflot est prête à reprendre le flambeau. Mais aux conditions que ses camarades étaient prêts à accepter de Nicolas Hulot. « Personne ne lui [a fait] reproche de ne pas se plier au fonctionnement d’EELV », note l’ancienne ministre du Logement dans un très long courrier interne. Revendiquant avoir créé un site Internet (jesignepourlécologie) pour « créer une dynamique collective » et trouver des parrainages d’élus dans la perspective de 2017, elle « revendique et assume […] une démarche personnelle qui n’engage pas EELV ».

Dans ce courrier écrit avant que le conseil fédéral d’EELV ne décide, samedi dernier, d’organiser une primaire pour désigner son candidat, la députée de Paris faisait part de sa « réserve » sur « la dimension fratricide et plombante » de ce mode de désignation. Ce n’est « pas une bonne idée qu’EELV désigne un candidat », estime-t-elle, préférant « qu’il soutienne une candidature qui dépasse notre cadre de parti ». Une manière de dire, elle aussi, que sa formation a fait son temps.

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