Dallas : Obama pris entre deux feux
Après la tuerie qui a coûté la vie à cinq policiers, le Président doit gérer de vives tensions entre la communauté noire et la police.
dans l’hebdo N° 1412 Acheter ce numéro
Difficile d’être un Président noir ces temps-ci aux États-Unis. C’est certainement ce que devait penser Barack Obama, en se rendant mardi 12 juillet à Dallas pour assister à la cérémonie religieuse œcuménique en hommage aux cinq policiers tués (et aux sept autres blessés) par un soldat réserviste noir qui a déclaré, avant d’être abattu, vouloir « tuer des Blancs et en particulier des policiers blancs ». Cette tuerie est advenue sur fond de vives tensions entre la communauté noire et la police, après que trois Noirs ont été tués par des policiers blancs la semaine passée, en Louisiane, dans le Minnesota et à Houston (Texas). Ces homicides, tous filmés par des vidéos amateur, ont très largement choqué l’opinion.
À l’appel de plusieurs mouvements contre les bavures policières, notamment Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent »), des manifestations ont dégénéré dans les villes où ces hommes noirs ont trouvé la mort sous les balles de policiers, avec des centaines d’interpellations de militants à chaque fois, dont beaucoup ont dénoncé les provocations de la police autour des cortèges. Barack Obama se retrouve de fait au cœur des critiques, les militants de la cause noire lui reprochant d’être trop indulgent à l’égard des violences racistes de policiers.
Ayant évidemment condamné la tuerie de Dallas, ville dont la police est par ailleurs l’une des rares de cet État du Sud à avoir accompli un travail sur elle-même sous l’égide de son chef noir, David Brown (dont le nom a même été applaudi par certains manifestants), Obama devait rassembler le 13 juillet à la Maison Blanche des militants des droits civiques et des représentants des forces de l’ordre dans un souci d’apaisement, et pour tenter de « dégager des solutions concrètes ». Il reste que plus de 500 personnes ont déjà été tuées par balles par la police en 2016 et qu’un jeune Noir a 21 fois plus de risques qu’un Blanc de perdre la vie face à des policiers…
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don