Disparition : Michael Cimino
L’un des derniers metteurs en scène américains à envisager le cinéma comme un art titanesque et lyrique.
dans l’hebdo N° 1411 Acheter ce numéro
À la mort d’un grand artiste, un stéréotype journalistique veut que l’on annonce la disparition de l’un des derniers géants de son domaine. Les clichés ont souvent tort, mais pas toujours. Michael Cimino, décédé samedi à 77 ans, était l’un des derniers metteurs en scène américains, peut-être l’ultime, à envisager le cinéma comme un art titanesque et furieusement lyrique, à la manière d’un Orson Welles.
Doté de cette vision, le mystérieux Cimino, qui n’était pas un homme prolixe sur lui-même, a signé deux chefs-d’œuvre : Voyage au bout de l’enfer (1978), premier film traitant de la guerre du Vietnam et de ses traumatismes, et La Porte du paradis (1980), un western « marxiste » dans lequel s’opposent de riches propriétaires de bétail et de pauvres immigrants fraîchement arrivés dans le Wyoming. Le premier fut un immense succès, récoltant cinq oscars, dont celui du meilleur film. Le second entraîna la ruine d’un grand studio, les Artistes associés, et transforma le cinéaste en paria à Hollywood.
Michael Cimino compte parmi ces « brisés » d’un système sans pitié qui le laissa faire ensuite quelques rares films dévitalisés, hormis le superbe L’Année du dragon (1985), autre échec commercial. Le cinéaste a tout de même vécu assez longtemps pour assister au retournement des valeurs : lui-même comme ses deux grandes œuvres étant désormais admirés et adulés.
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