Notre-Dame-des-Landes : Le jour où l’aéroport sera abandonné…

Une assemblée a rédigé un projet pour la ZAD « après la victoire », qui entend préserver la diversité des expériences et organiser la gestion des terres.

Ingrid Merckx  • 6 juillet 2016 abonné·es
Notre-Dame-des-Landes : Le jour où l’aéroport sera abandonné…
© Photo : ALAIN JOCARD/AFP

La consultation du 26 juin ne change rien. « Les “Six Points” sont toujours notre projet pour la ZAD, au moins aussi fortement qu’avant », assure Marcel Thébault, un des quatre agriculteurs encore installés dans la zone. Ce texte publié le 1er décembre 2015 sur le site de la ZAD [^1] décline en six priorités le plan pour « l’avenir des terres, une fois le projet d’aéroport abandonné », qu’une assemblée a mis un an et demi à élaborer. Il expose des positions de principe, l’idée étant de désamorcer les peurs pour que chacun puisse avoir confiance en l’avenir.

En effet, si le projet d’aéroport tombait, certains agriculteurs pourraient redouter que des occupants leur rendent la vie impossible. Inversement, quelques occupants pourraient craindre que les agriculteurs n’aient plus besoin d’eux ou ne soient tentés de trier les « bons » des « mauvais ». Autre crainte : une dérive comme au Carnet, en aval de Nantes, où EDF prévoyait d’installer une centrale dans les années 1970, et dont les terres libérées ont finalement été louées à de grosses structures agricoles.

Deux tendances se dessinent sur la ZAD : les partisans d’une solution dite de « bon voisinage », où l’on accepte des pratiques diverses en s’arrangeant pour se gêner le moins possible, et les partisans (minoritaires) d’une vision plus « extrémiste », où chacun refait ce monde à sa manière, au risque d’enfermer la ZAD dans un « ghetto » de radicalité.

Aujourd’hui, environ 400 hectares sont exploités par quatre éleveurs laitiers, qui sont plutôt du côté de l’agriculture extensive et de la réduction des intrants. Cinq cents hectares préemptés sont temporairement loués par Vinci à des agriculteurs « extérieurs ». Et un peu plus des 200 hectares restants sont exploités par des occupants et des paysans du collectif Copain 44. L’idée, « après la victoire », serait de rétablir les expulsés dans leurs droits, et que les terres rendues disponibles par la disparition de la concession accordée à Vinci pour l’aéroport soient « prises en charge par une entité issue du mouvement de lutte ». Et que ce soit ce dernier, « et non les institutions habituelles, qui détermine l’usage de ces terres ».

Point de consensus : préserver une « réserve pour l’installation ». C’est-à-dire faire en sorte qu’il y ait toujours de la terre disponible pour accueillir des gens « venant faire leur expérience dans la ZAD ».Car, au-delà de l’exploitation de la surface agricole, Notre-Dame-des-Landes est un terrain d’expérimentation « d’un monde différent de celui qu’on subit », glisse Marcel Thébault. « Des gens viennent ici se ressourcer. Et les zadistes savent qu’ils vivent peut-être les années les plus passionnantes de leur vie sur le plan politique et du point de vue d’un rêve social. »

[^1] zad.nadir.org

Écologie
Publié dans le dossier
Notre-Dame des résistances
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