Forum social mondial 2016 : Entre questions et innovations
Malgré une affluence en berne, le Forum social mondial de Montréal aura montré des avancées et un renouvellement dont la portée pourrait être déterminante.
dans l’hebdo N° 1416 Acheter ce numéro
Qui peut encore inviter le monde à la maison ? Le Forum social mondial (FSM) avait fait le pari, sur l’insistance de jeunes militants québécois, de tenir chapiteau pour la première fois dans une ville du Nord. Le rendez-vous biennal de la mouvance altermondialiste planétaire, né en 2001, s’était tenu jusqu’alors au Brésil, en Inde, au Kenya, au Venezuela, au Mali, au Pakistan, au Sénégal et en Tunisie, avec une affluence approchant les 300 000 participants à Belém (Brésil) en 2009. Le FSM 2016 de Montréal en espérait 50 000, il a modestement attiré 35 000 personnes.
Sévère, la comparaison chiffrée est pourtant limitée. Le rassemblement a eu lieu pendant les vacances d’été, pour des raisons climatiques et logistiques, ce qui a contribué à diminuer l’affluence. Mais, surtout, les nombreux refus de visas et le manque de subsides ont clairsemé les rangs des participants du Sud. Le FSM aura vérifié, dans toute sa rudesse, la loi de la dissymétrie planétaire : Dakar est une ville plus accessible et moins chère pour les étrangers que Montréal. Pour autant, il n’y a pas de quoi renoncer à des forums dans le Nord, où les besoins de mobilisation sont aussi patents qu’au Sud. Car la petite santé du rassemblement reflète d’abord la baisse d’influence actuelle des mouvements qui le composent face au durcissement du monde libéral.
Néanmoins, au-delà des thèmes historiques de l’altermondialisme (économie solidaire, écologie, justice sociale, etc.), le Forum social mondial de Montréal aura montré des avancées et un renouvellement dont la portée pourrait être déterminante pour la suite : un processus d’organisation très participatif, une forte implication de la jeunesse, l’expression des peuples autochtones ou encore la présence systématique des femmes aux avant-postes.
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