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Décidément, Daech est bien utile. Après la Russie de Poutine qui, au prétexte de la guerre au terrorisme, n’en finit pas de bombarder les rebelles syriens, c’est à présent la Turquie d’Erdogan qui pourchasse les Kurdes en Syrie. Après avoir justifié le franchissement de la frontière par une offensive anti-Daech, la Turquie mène en vérité, depuis le 24 août, une offensive de grande envergure contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple kurde (YPG).
Recep Tayyip Erdogan n’en fait d’ailleurs pas mystère, amalgamant dans un même communiqué Daech et les organisations kurdes, tous qualifiés de « terroristes ». Son vice-Premier ministre, Numan Kurtulmus, a, lui, clairement fixé l’objectif de cette opération baptisée « Bouclier de l’Euphrate » : « Nettoyer la région de l’État islamique [Daech] et empêcher le Parti de l’union démocratique [PYD-kurde] et les YPG de mettre en place un couloir de bout en bout. » La grande crainte d’Ankara, c’est qu’une continuité se crée sur un territoire contrôlé par les Kurdes au nord de la Syrie, le long de la frontière turque. Dans l’imbroglio syrien, chacun poursuit son propre agenda. Les Kurdes ont conquis d’importantes positions en infligeant plusieurs défaites à Daech. L’objectif étant pour eux de créer une situation à l’irakienne, ou un territoire autonome existe depuis 2005. C’est évidemment la hantise d’Ankara, qui redoute une fusion avec les populations kurdes de Turquie.
L’ironie de l’histoire, c’est qu’il est probable que Recep Tayyip Erdogan ait reçu préalablement le feu vert de Moscou. Violemment opposées il y a peu encore sur le conflit syrien, la Russie et la Turquie semblent s’accorder aujourd’hui pour réaliser des objectifs qui n’ont pas grand rapport avec Daech. Une entente qui ne plaît guère aux États-Unis. Barack Obama le dira sans doute à Erdogan qu’il doit rencontrer dimanche en Chine. Sans grand effet probablement.
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