Bygmalion : Juste une question d’éthique

La responsabilité de Nicolas Sarkozy est « pleinement engagée », ce qui ne l’empêche pas de mener campagne.

Politis  • 7 septembre 2016
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Bygmalion : Juste une question d’éthique
© Photo : CITIZENSIDE / Francois PAULETTO / AFP

Les élections doivent-elles interrompre le cours de la justice ? À entendre les supporters de Ni­colas Sarkozy, après l’annonce des réquisitions du parquet de Paris dans « l’affaire By­gmalion » demandant le renvoi devant le tribunal correctionnel de quatorze personnes mises en examen, dont l’ancien président de la Ré­publique, la réponse est « oui ». Pourtant, c’est de la régularité d’une campagne électorale dont il est question. On savait depuis le rejet de son compte de campagne présidentielle par le Conseil constitutionnel, qui l’a sanctionné pécuniairement pour cela, que Nicolas Sarkozy avait dépassé le plafond autorisé des dépenses (qui est 22,5 millions d’euros). Mais les investigations judiciaires menées dans le cadre de l’affaire Bygmalion ont révélé un dépassement de 23 millions d’euros, cinquante fois supérieur donc aux estimations du Conseil (466 118 euros). Excusez du peu !

Pour le parquet, la responsabilité de l’ancien chef de l’État est « pleinement engagée du chef de financement illégal de campagne ». Il a triché. Ses proches rappellent qu’il bénéficie de la « présomption d’innocence ». C’est exact. Notons toutefois que les mêmes ne trouvent rien à redire quand Nicolas Sarkozy, refusant de s’encombrer « d’arguties juridiques », veut « assigner tous les fichés S à résidence avec bracelet électronique », c’est-à-dire priver de travail et de vie sociale plus d’un millier de personnes déclarées suspectes par la police hors de tout jugement. Il y a là une contradiction que n’a pas manqué de pointer François Fillon. « Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. […] Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs », avait lancé le député de Paris, fin août. C’est une question d’éthique.

Politique
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