Et si on élevait le débat !
Plus la présidentielle approche, plus le débat s’embourbe. Mais la gauche sait bien qu’elle a tout à gagner à parler des vrais problèmes.
dans l’hebdo N° 1418 Acheter ce numéro
On espérait que la rentrée aiderait à oublier ce lamentable été passé à gloser sur le burkini (et les Pokémons). Hélas, plus la présidentielle approche, plus le débat s’embourbe dans la dévastatrice problématique identitaire.
Or, il y a de quoi s’inquiéter. D’abord parce qu’à voir les Français plus bêtes qu’ils ne sont – le niveau d’éducation n’a jamais été aussi élevé – on les transforme en idiots véritables. Ensuite parce que l’extrême droitisation des débats ouvre un boulevard à Nicolas Sarkozy et à Marine Le Pen. Enfin parce qu’à trop parler de maillots de bain on oublie l’essentiel : le réchauffement climatique, le chômage, le terrorisme… Autant de maux qui, eux, ne souffrent pas qu’on perde son temps dans de fétides polémiques.
La gauche – la vraie – sait bien qu’elle a tout à gagner à parler des vrais problèmes. Remettre l’écologie et le social à l’agenda politico-médiatique lui permettrait de montrer qu’elle a des solutions crédibles à apporter. Mais comment faire pour relever le niveau ? De Jean-Luc Mélenchon aux Verts et aux frondeurs du PS, tout le monde sent bien que la mobilisation contre la loi travail a ouvert une brèche. Mais personne n’a jusqu’ici réussi à imposer ses thèmes – il n’y avait qu’à voir la mine consternée des chroniqueurs de l’émission « On n’est pas couché », samedi, sur France 2, quand Benoît Hamon a défendu la réduction du temps de travail.
Résultat, à l’étranger, le « pays des droits de l’homme » est de plus en plus moqué, incompris, voire haï pour son islamophobie. Et, ici, les citoyens seront bientôt des millions à ne plus vouloir cautionner par leur vote ce spectacle politique honteux. Élever le débat est donc l’urgence vitale. Il y va de la survie de la démocratie.
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