Nouvel appel de communistes à soutenir Jean-Luc Mélenchon

À la veille de la Fête de l’Huma, une centaine de communistes, de militants d’Ensemble ! et d’intellectuels appellent à faire « front commun » avec Mélenchon pour 2017.

Pauline Graulle  • 8 septembre 2016
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Nouvel appel de communistes à soutenir Jean-Luc Mélenchon
© Photo : Michel Soudais

Cette année, à La Courneuve, la présidentielle pourrait bien gâcher un peu la Fête. Alors que le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a indiqué que la stratégie de son parti pour 2017 ne sera tranchée que le 5 novembre, lors d’une conférence nationale, les troupes communistes se déchirent sur le candidat qu’ils soutiendront à la présidentielle.

D’un côté, les plus « identitaires » estiment qu’une candidature communiste, avec Pierre Laurent pour candidat, est nécessaire. « Non pour ajouter une candidature de plus à gauche, mais parce qu’il y a des contributions que le PCF est le seul à pouvoir apporter pour permettre ce rassemblement de la gauche et le fonder autour d’une alternative radicale et crédible », écrivent Frédéric Boccara, Christian Picquet et Marine Roussillon, trois membres de l’exécutif national, dans une tribune cosignée par l’ex-député européen Jacky Hénin, et Pierre Lacaze, secrétaire de la fédération de la Haute-Garonne (Voir ici). De l’autre, des voix se font entendre, de plus en plus clairement, qui appellent à soutenir Jean-Luc Mélenchon.

Pour un « front commun »

Mercredi soir, un texte invitant à faire un « Front commun » autour de l’ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, a été publié sur Mediapart et un site Internet, www.frontcommun.fr, a été lancé. Une initiative qui a dû faire grincer des dents place du Colonel-Fabien, à deux jours de la Fête de l’Huma, et alors que les tensions entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon sont toujours très vives…

En quelques heures, 400 signatures se sont ajoutées à celles des 99 premiers signataires. Parmi ces derniers, bon nombre de cadres et élus communistes, dont Gilles Poux, le maire de La Courneuve. Des anciens membres du PCF, comme Jacques Fath, ancien responsable aux relations internationales du PCF, qui a renvoyé en juin sa carte à Pierre Laurent après 42 ans de parti. Mais aussi des militants d’Ensemble ! et des personnalités non encartées, comme l’économiste Jean-Marie Harribey, l’écrivain Annie Ernaux, ou les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot.

Fustigeant l’« éparpillement suicidaire » et les « candidatures fratricides » à gauche, les signataires estiment que, « quels que soient les arguments des uns et des autres ou les divergences » qu’ils peuvent entretenir avec Jean-Luc Mélenchon, il n’en reste pas moins que, « dans les circonstances actuelles », sa candidature apparaît comme la meilleure à gauche. Parmi les lanceurs de l’initiative, Frédérick Genevée, membre du comité exécutif national du PCF :

Sur le fond, je ne suis pas d’accord à 100 % avec ce que dit Mélenchon, explique le chef de file de la ligne contestataire au dernier congrès du PCF. Par exemple, avec sa position sur l’Europe, avec ses récentes sorties sur les travailleurs détachés, ou sur l’idée qu’il faille un « populisme de gauche ». Mais je lui sais gré de ne pas avoir mis le doigt dans l’engrenage des primaires [du PS, NDLR].

Nouvelle force politique

Un soutien qui durera le temps de la présidentielle, mais peut-être pas au-delà des législatives. Si les signataires du texte appellent à la « convergence » entre les « organisations locales du PCF, du PG, et de la France Insoumise, d’Ensemble !, d’EELV et des groupes socialistes critiques », ainsi qu’avec des listes citoyennes, ils ne comptent pas pour autant rejoindre La France Insoumise, le « parti mouvement » lancé par Jean-Luc Mélenchon. « Je ne crois pas qu’il faille diluer les partis dans un mouvement qui tourne autour d’une personnalité, fait valoir Frédérick Genevée, et d’ailleurs, je pense que Mélenchon lui-même a intérêt à être soutenu par d’autres formations politiques ».

Dans l’entourage de l’intéressé, on n’en est pas si sûr. « C’est une très bonne nouvelle, évidemment, qu’une telle variété de signataires soutiennent Mélenchon, se réjouit Eric Coquerel, co-coordinateur du Parti de gauche. En même temps, on ne peut plus recommencer avec un cartel de partis comme l’était le Front de gauche. » Un « front » aujourd’hui en mort clinique, qu’une partie des communistes voudraient bien ressusciter, mais que Mélenchon entend dépasser pour créer une« nouvelle force politique »après l’échéance de 2017.« Nous en reparlerons à la Courneuve avec les signataires », promet Eric Coquerel, qui estime néanmoins que « sur le fond, on dit la même chose ».

Le 22 mars, Francis Parny, ancien responsable des relations extérieures du PCF, et à ce titre l’un des principaux artisans du Front de gauche auprès de Marie-George Buffet d’abord, de Pierre Laurent ensuite, avait publiquement demandé « à la direction du PCF de proposer aux communistes de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon ». Son appel publié sur change.org avait recueilli 2 600 signatures de communistes aujourd’hui engagés comme M. Parny dans la campagne de « La France insoumise ».

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