Traité climat : la fausse ratification des États-Unis

Comment la presse s’est laissée berner…

Claude-Marie Vadrot  • 4 septembre 2016
Partager :
Traité climat : la fausse ratification des États-Unis
© Photo : LINTAO ZHANG / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images/AFP.

Dans la fièvre du G 20 qui se tient en Chine, le gouvernement de Pékin et les journalistes ont annoncé que la Chine et les États-Unis avaient ratifié l’accord signé à Paris sur l’avenir du climat. Une annonce en trompe l’œil. Car, si le gouvernement chinois a, non démocratiquement comme d’habitude, imposé à ses « députés » cette ratification formelle dont nul ne pourra vérifier les effets, les Américains ont été largement plus hypocrites ; et la presse et les autres dirigeants de la planète ont fait semblant de les croire. L’astuce est la suivante : le président Obama s’est en fait « joint au traité ». En clair, il s’agit d’une décision personnelle qui n’a aucune valeur légale ou contraignante aux États-Unis où la ratification est du seul ressort du Sénat et de la Chambre des représentants. Lesquels sont l’un et l’autre formellement opposés à l’accord de Paris. Grâce à l’addition des positions religieuses et « anti-sciences » qui risquent de perdurer quel que soit le résultat de l’élection présidentielle du mois de novembre.

Donc, si Donald Trump est élu, il ne demandera même pas aux parlementaires américains d’examiner cet accord. Et si c’est Hillary Clinton qui gagne, elle ne disposera probablement pas, sauf miracle, d’une majorité pour ratifier formellement le texte adopté à Paris au mois de décembre 2015 dans une euphorie et des embrassades qui n’auraient dû tromper personne. Sauf les responsables politiques français qui croyaient faire plaisir aux écologistes et s’offrir un succès avec la complicité des autres nations dont beaucoup ont été sommées de faire semblant lors de nombreuses rencontres bilatérales.

Le gouvernement français a d’ailleurs lui aussi annoncé qu’il avait obtenu la ratification. Ce qui ne sert rigoureusement à rien, puisque dans la configuration actuelle des règles de l’Union européenne, c’est seulement à cette dernière que revient la responsabilité d’organiser cette ratification. D’autant plus que les 28 pays qui la composent n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord, de nombreux petits et grands pays ayant fait savoir qu’ils n’en étaient pas question dans l’état actuel du texte.

Il n’y a donc guère de risque à parier que lorsque les 195 pays concernés se retrouveront le 7 novembre prochain à Marrakech pour la COP 22, la barre de la ratification de 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ne sera pas atteinte. Or, cette limite minimale est celle qui peut donner force de loi au texte adopté, sans vote, lors de la COP 22…

Écologie Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc