Accents toniques

Résumer l’œuvre d’André Minvielle en quelques phrases est un défi à peu près aussi vertigineux que d’essayer de le suivre sans roue libre dans son parcours de glottophile pérégrin. Et pourtant nous le ferons, au risque d’y sacrifier quelques syncopes et d’y laisser quelques plumes (en offrande, bien sûr). Saint Cop, justement, ce bas-relief improbable qui illumine la pochette de son nouvel album, 1time, en dit déjà long du chant–contrechamp de ce « facteur d’accent [et d]’incandescent ». « Si vous avez un accent/C’est que votre corps supporte/Mille mémoires qui s’emportent/Laissées là comme lettre morte », barytonne -Minvielle en conclusion « Facteur d’accent », en duo avec le bateleur et chanteur Abdel Sefsaf.

Le morceau suivant s’intitule « L’Accensœur », joli calembour porteur d’un sens nomade, un « projet/sujet », comme aime à le préciser son « noteur » : Suivez l’accent, ou la collecte inter-active des accents de métropole et d’extra-pole ; douze ans de pérégrinations glaneuses au rythme des chansons, résidences et installations sonores [^1].

« J’ai des rhizomes plein les pognes », plaisante Minvielle. Et un art de les transformer en chansons tendres et rondes, radieuses et sombres, où l’on croise aussi bien Gilles Deleuze qu’Henriette Walter, Gaston Chaissac ou Jean Dubuffet. Sans oublier les langues ondoyantes et les rythmes chaloupés de ses amis, Bernard Lubat, Nino le bassiste sculpteur, Marc Perrone et son Verbier de belle vertu, le familial Ti’bal Tribal, le jazz de Journal intime ou encore la prodigieuse nomenclature du champignon et la méditation amoureuse des crapauds.

Bref, 1time est un disque savoureux, foisonnant d’ondes positives, « une forme de “partition” de ce qu’il reste de l’intime, dans ce monde de l’extime ».

[^1] www.andreminvielle.com/index.php/carnets-de-route/France

Disque : 1time (La C.A.D./L’Autre Distribution).

Concerts : 14 octobre, au Zèbre de Belleville (Paris) ; 4 novembre, au Tremplin, à Beaumont (Puy-de-Dôme) ; 19 novembre, à Malemort du Comtat (Vaucluse) ; 9 et 10 décembre, au Théâtre du Pont Tournant (Bordeaux)…

À écouter : « Circonférence », d’André Minvielle, donnée en 2013 à l’université d’Avignon, sur www.andreminvielle.com/index.php/actualites