De graves maladies mortelles surgissent du permafrost qui fond sous l’effet du réchauffement
Un article d’une revue américaine s’inquiète de la libération de bactéries et de virus par la fonte des terres gelées depuis des millénaires.
En dépit de l’extrême discrétion des autorités russes, les scientifiques américains et français ont eu récemment la confirmation qu’un enfant d’une douzaine d’années était mort l’été dernier d’une contamination, résultant du dégel du permafrost (pergélisol) causé par le réchauffement du climat. Dans l’extrême nord sibérien, en fondant, le sous-sol a libéré le bacille de l’anthrax qui a entrainé le décès de ce garçon, malgré les soins qui lui ont été donnés.
Depuis quelques mois, d’autres personnes ont été touchées par cette maladie captive du permafrost depuis des centaines d’années, et nul ne sait si elles ont pu être soignées à temps. Dans le dernier numéro du magazine Scientific American, un article révèle qu’une centaine de personnes auraient été malades et hospitalisées mais aussi que plus de 2 300 rennes auraient péri au contact de la bactérie Bacillus anthracis. Ses spores, une fois « libérés » par un sous-sol qui n’avait pas fondu depuis des siècles, se sont mêlés à l’air, aux eaux et à la nourriture. En provoquant ce que l’on appelle en France la « maladie du charbon » (aujourd’hui extrêmement rare) qui se manifeste par de gros abcès et des affections pulmonaires qui entraînent rapidement la mort si elle n’est pas rapidement soignée.
Une crainte ancienne
Les chercheurs et les spécialistes du climat craignaient depuis des années que la fonte des sols gelés, en Sibérie comme en Alaska ou dans le nord du Canada libèrent les agents infectieux de maladies anciennes ou inconnues. Notamment des infections auxquels les animaux et les êtres humains ne sont pas préparés ou, au moins, en partie immunisés. Il y a quelques années, des scientifiques russes écrivait déjà dans Global Health Action : « L’une des conséquences de la fonte du permafrost est que les vecteurs de maladies mortelles des XVIIIème et XIXème siècles fassent leur retour, notamment près des cimetières où leurs victimes ont été enterrées ». Ils n’avaient pas prévu que cette contamination puisse se faire, comme en Sibérie, par l’intermédiaire d’un renne mort il y a des centaines d’années et dont les restes gelés ont été libérés par la fonte du sous-sol. Une vague de chaleur a porté la température sibérienne à 35°, soit 25° de plus que les records déjà enregistrés dans la région.
Des virus résistants
La crainte du retour de maladies anciennes ou de maladies inconnues s’appuie sur le fait que beaucoup d’agents infectieux et de virus sont capables de résister au temps et à des températures très basses. C’est notamment le cas pour la variole ou le virus de la grippe espagnole. Au début du XIXème siècle, cette épidémie dont le virus a « disparu », a tué au moins 20 millions de personnes dans le monde dont 165 000 en France.
La crainte de nombreux spécialistes est donc que la fonte des terres gelées, aussi bien dans les espaces nordiques que dans les régions de très hautes montagnes, n’entraîne des maladies et épidémies qu’il serait très difficile de juguler. Au moins dans un premier temps, comme ce fut le cas pour le sida ou le virus Ebola.
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