Espagne : Les socialistes face à une crise historique

Désavoué par son parti, le leader socialiste Pedro Sánchez a remis sa démission.

Laura Guien  • 5 octobre 2016 abonné·es
Espagne : Les socialistes face à une crise historique
© Photo : PIERRE-PHILIPPE MARCOU/AFP

Les socialistes espagnols traversent la pire crise de leur histoire. Désavoué par son parti, le leader socialiste Pedro Sánchez (photo) a remis sa démission dimanche dernier à la suite d’une réunion de son comité fédéral, dont le huis clos n’aura pas réussi à contenir la vivacité des échanges et des tensions.

Alors que l’Espagne entame son neuvième mois sans gouvernement, le départ du secrétaire général du PSOE fait suite à un coup de force en forme de désaveu public : la démission mercredi dernier de 17 membres du parti, un « secteur critique » mené par la présidente d’Andalousie, Susana Díaz, pressentie pour remplacer Sánchez.

Depuis le dernier scrutin du mois de juin, remporté à 33 % par la droite conservatrice de Mariano Rajoy, des divergences ont petit à petit fracturé le Parti socialiste. La ligne du « non à Rajoy » défendue par Pedro Sánchez, et soutenue par les militants du parti, s’oppose à la posture du secteur critique, jamais formulée explicitement : permettre à Rajoy de gouverner en s’abstenant lors de son investiture, afin de débloquer la situation politique et de reconstruire le parti dans l’opposition.

La démission de Pedro Sánchez semble orienter le futur du PSOE vers l’abstention et une possible victoire de Mariano Rajoy. Le PSOE aurait-il cédé à la frange la plus à droite de ses rangs ? Le politologue Pablo Simón ne partage pas cette analyse : « Il ne s’agit pas forcément d’idéologie, mais plutôt de lutte stratégique et de pouvoir interne. Beaucoup de membres du secteur critique sont des présidents de communauté autonome qui gouvernent avec Podemos. »

Faute d’avoir détrôné les socialistes par les urnes, le parti ­de Pablo Iglesias pourrait-il justement profiter de la situation pour devenir la grande force d’opposition à gauche ? « À court terme seulement », répond Pablo Simón, qui rappelle que le recul conjoint de Podemos et du PSOE s’est accentué au cours des six derniers mois. Si Podemos dépasse les socialistes lors d’un prochain scrutin, son avance ne devrait pas lui permettre de gouverner.Délesté de tout pouvoir de négociation face à Mariano Rajoy, le PSOE a jusqu’au 31 octobre pour choisir entre l’abstention et de nouvelles élections, les troisièmes en un an. Aucune des deux solutions n’augure une sortie de crise heureusepour le parti historique de la gauche espagnole.

Monde
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