Face à Trump, deux attitudes possibles

À près de 100 ans, Kirk Douglas a suffisamment vécu pour s’autoriser une analogie entre Donald Trump et Hitler.

Christophe Kantcheff  • 5 octobre 2016
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Face à Trump, deux attitudes possibles
© Alberto E. Rodriguez / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

À près de 100 ans, Kirk Douglas a suffisamment vécu pour s’autoriser une analogie entre Donald Trump et Hitler, qui ne serait qu’un point Godwin sous la plume d’un autre. L’acteur a en effet publié la semaine dernière un texte dans la presse, où il témoigne : « J’avais 16 ans quand cet homme a pris le pouvoir, en 1933. Pendant la décennie qui a précédé, on se moquait de lui – il n’était pas pris au sérieux. Il était considéré comme un bouffon qui ne pourrait jamais tromper une population civilisée et éduquée avec sa rhétorique haineuse et nationaliste. Les “experts” le considéraient comme une blague. Ils avaient tort. »

D’origines juive et russe, Issur Danielovitch Demsky – le vrai nom de celui qui a incarné Spartacus – est particulièrement sensible aux propos de Trump sur l’immigration. « Je n’ai jamais vu une telle campagne de peur menée par l’un des principaux candidats à la présidence des États-Unis. » À quoi on peut ajouter d’autres qualités, dont la crapulerie. Nouvel exemple en date : le New York Times a dévoilé le 1er octobre que Trump, qui persiste à refuser de rendre publiques ses déclarations de revenus, n’avait probablement pas payé d’impôts pendant dix-huit ans, grâce à une manœuvre légale de déduction de pertes phénoménales en 1995. « Cela veut dire que je suis intelligent », a répliqué le principal intéressé, lors du premier débat qui l’a opposé à Hillary Clinton, au sujet des impôts auxquels il se dérobe.

Ces révélations ont déclenché un tollé, que seul un esprit courbe pouvait minimiser. Sur France Inter, ce lundi, l’économiste Dominique Seux s’y est employé. Sous prétexte d’examiner les différences de culture quant au rapport à l’argent entre la France et les États-Unis, le directeur délégué de la rédaction des Échos n’a pas dénoncé le comportement du milliardaire candidat. Pas du tout, puisque « c’est légal » ! Il s’en est pris en revanche au conformisme de la vie politique française, qui ne sélectionne jamais de présidentiables issus du privé (hormis « Pompidou et Macron » [sic]). Ainsi qu’au moralisme de l’opinion et des médias, qui préfèrent des candidats « relativement pauvres ». Face à Trump, il y a au moins deux attitudes possibles mais pas tout à fait semblables. Celle de Kirk Douglas inspire du respect. Quant à l’autre…

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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