Journal inutile …
… où il est question d’une revue et d’un tiré à part
N’étant point spécialiste de la chose militaire, j’avoue n’avoir jamais lu la Revue Défense Nationale, que je pensais d’une austérité barbante et d’une technicité au dessus de mes capacités. J’ai eu récemment l’heureuse surprise d’être détrompé et de découvrir, dans un numéro de février 2015 consacré aux « printemps arabes », un ensemble de textes d’origines diverses et relevant autant de la géopolitique que des questions purement militaires. Soit 140 pages bien tassées sur des sujets qui demeurent d’une actualité brûlante et toujours objets de controverse, je pense à la situation en Syrie notamment.
Mais mon sujet n’est point la RDN elle-même, cette respectable septuagénaire qui, pourtant, mériterait sûrement qu’on se penche sur son histoire ; c’est d’un tiré à part dont je souhaite vous dire deux mots, atterri dans ma boîte électronique en même temps qu’elle et de la même provenance amicale : cela s’intitule, en référence à Beaumarchais, « Journal inutile (2011-2016)« . Une brochure tirée à quelques dizaines d’exemplaires seulement et disponible au siège de la Revue, dont on me dit qu’ils seront prochainement mis en ligne : je ne manquerai pas de vous en informer.
Qu’est-ce que ce « Journal inutile » ? : le recueil des chroniques parues mois après mois dans la RDN sous la signature Le Cadet, qui dissimule (si j’ai bien compris) un auteur hors du sérail militaire, mais bien informé de son quotidien, de ses soucis, voire de ses frictions internes et de ses états d’âme.
Comme on sait, la Grande Muette a parfois de furieuses envies de se faire entendre.
Ces billets de 3 500 signes chaque, au nombre de soixante, sont parties intégrantes de la revue elle-même et parfaitement assumés par une hiérarchie dont l’audace m’a étonné (on se fait parfois de fausses idées des militaires !) : leur « inventeur », le contre-amiral Jean Dufourcq, rédacteur-en-chef de 2009 à 2014, les présente en avant-propos comme « des leçons d’impertinence maîtrisée » relevant « d’un art exigeant de la polémique tempérée par l’éloquence constructive« . Il souligne encore « le caractère précurseur de la pensée de son auteur comme le poids de la culture historique et politique nécessaire pour alimenter toute forme de réflexion sur le temps stratégique que nous vivons » et contribuer au débat « sur ce que d’aucuns nomment une crise de sens« .
Chapeau, amiral ! Je connais, dans le civil, des chefs de rédactions moins culottés.
Comme vous le reconnaissez, « ces chroniques n’eurent pas toutes l’heur de plaire » (je crois savoir que c’est au Quai, plus encore qu’à la rue Saint-Dominique …). Elles appartiennent donc au passé : au bout de cinq ans, exit Le Cadet, auquel ce Cahier tiré à part, ce « Journal inutile » que la Revue assume ainsi totalement, rend un bel hommage.
Sa lecture, à grands traits goûteux, nous a donné bien du plaisir en même temps que matière à réflexion. En ces temps de conformisme abrutissant et de raréfaction des espaces de libre débat, Le Cadet est d’utilité publique.
Je me propose de vous en donner quelque aperçu dans les jours qui viennent.
(A suivre)
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