La France insoumise prend le large
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon vient de se doter d’un programme.
dans l’hebdo N° 1424 Acheter ce numéro
Le mouvement des « Insoumis » avait un candidat, Jean-Luc Mélenchon. il vient de se doter d’un programme, « L’avenir en commun », adopté à l’issue d’un processus participatif inédit. Durant sept mois, tous ceux qui avaient déclaré leur soutien à la démarche ont pu poster sur la plateforme du candidat leur contribution : 3 000 ont été enregistrées et triées entre février et août par des rapporteurs qui ont établi une première synthèse, procédé à 18 auditions de personnalités filmées et diffusées sur Internet. En septembre, les organisations politiques associées au mouvement ont également contribué. Selon les résultats dévoilés à l’ouverture de la convention du mouvement le week-end dernier, à Saint-André-lez-Lille, les sept chapitres de la version consolidée du programme soumis séparément au vote ont été approuvés par 90,4 % à 96,1 % des 77 038 votants. Ce texte, qui compte 357 mesures, reprend bien des points de « L’humain d’abord », le programme de 2012, qu’il actualise, mais en diffère par l’importance donnée aux problématiques écologiques, la relation à l’Europe, et la place centrale donnée à la 6e république.
La convention de ce week-end a délibérément rompu avec les codes de ce type de manifestation : 650 participants avaient été tirés au sort parmi les 135 000 « insoumis ». Intégralement retransmise en streaming, elle a permis à ceux qui n’étaient pas sur place de voter dans les mêmes conditions que les conventionnels, sur les dix mesures emblématiques qui « serviront de support à la campagne » et contribueront à « donner une idée de l’orientation générale du mouvement ».
Le top 5 donne, dans l’ordre, le refus du Tafta et du Ceta, l’abrogation de la loi El Khomri, l’instauration de la « règle verte », consistant à ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer, la « refondation démocratique » des traités européens et, à défaut, l’application d’un « plan B », et la mise en place d’un « plan de transition énergétique vers les énergies renouvelables par la sortie du nucléaire ». Les conventionnels ont entendu de nombreux témoignages de syndicalistes, lanceurs d’alerte et responsables associatifs justifiant les mesures du programme. Ils ont aussi « cogité » par table de six sur les moyens de convaincre le plus grand nombre, de permettre à tous de s’impliquer dans le mouvement, et d’avoir 577 candidats « insoumis » aux législatives qui font, pour eux, avec la présidentielle, une seule et même campagne « collective » centrée sur leur programme.