Les ambitions de la gauche marocaine
Bien mal en point depuis vingt ans, la gauche marocaine espère ressusciter lors des élections législatives de ce vendredi.
dans l’hebdo N° 1422 Acheter ce numéro
Bien mal en point depuis vingt ans, la gauche marocaine espère ressusciter lors des élections législatives de ce vendredi. La Fédération de la gauche démocratique (FGD), née en 2007 de l’alliance de trois formations, tente de se frayer un chemin entre les deux principales forces du pays, le Parti de la justice et du développement (PJD), islamiste, qui dirige la coalition de gouvernement depuis 2011, et le Parti authenticité et modernité (PAM), libéral, proche du palais royal.
La FGD peut faire valoir une relative virginité politique. Son glorieux ancêtre, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qui avait été le parti de Mehdi Ben Barka, avait perdu toute crédibilité en accédant au pouvoir en 1997. Critique intransigeante des politiques libérales et du conservatisme du PJD, la gauche avait été en première ligne au sein du « Mouvement du 20 février » 2011, version marocaine des révolutions arabes. À l’époque, le roi Mohammed VI avait réussi à désamorcer la contestation par une réforme constitutionnelle limitée.
La FGD plaide aujourd’hui pour une réforme plus profonde conduisant à une monarchie parlementaire. Argument non négligeable, la coalition de gauche s’est trouvé une porte-parole charismatique, Nabila Mounib, une universitaire de 56 ans, seule femme à la tête d’un mouvement politique. Appréciée de la gauche antilibérale, Nabila Mounib a cependant une tache dans son curriculum vitae politique : elle avait accepté en 2015 une mission que lui avait confiée le roi pour dissuader le gouvernement suédois de reconnaître la république sahraouie. Cet interminable conflit colonial qui ressoude toujours les élites marocaines.