« Ma vie de courgette », de Claude Barras : Des maux et des mômes
Un film d’animation à la fois grave et léger sur la maltraitance des enfants.
dans l’hebdo N° 1424 Acheter ce numéro
Des canettes de bière jonchent le sol d’un appartement modeste. Depuis sa chambre, Icare, surnommé Courgette, entend les râles plaintifs et alcoolisés de sa mère. Il n’est jamais à l’abri d’une branlée. Le père est absent, c’est « un gars qui aime les poules », lui dit sa mère. Dans cette débandade familiale, le mouflet se plaît à manier le cerf-volant. Jusqu’à ce qu’un jour de raclée sa mère meure accidentellement. On lui dira qu’elle est « partie au ciel ». Courgette n’a que 9 ans et sa vie s’emballe déjà. Le voilà placé dans un foyer, à mi-chemin entre l’orphelinat et le centre social. Un nouveau décor s’ouvre à lui, au milieu de recalés de l’existence. Enfants de parents expulsés, de malades, de braqueurs, tous déracinés, tous séparés de leur famille.
Livrant les tribulations de mômes empêtrés dans les affres de la vie, confrontés à la maltraitance, inspiré du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une Courgette (2002), ce premier long métrage de Claude Barras se veut un conte pour enfants et adultes. Une adaptation, à hauteur d’enfant, sous forme de film d’animation, qui apporte son poids de tendresse et de sensibilité, entre légèreté et gravité, merveilleusement réalisée, aidée par la technique du stop motion (qui donne l’impression que personnages et objets sont doués de mouvement). Barras y ajoute un travail sur les lumières et les ombres, des paysages, des intérieurs et des décors à la fois épurés et naïfs. Une réalisation qui pallie les failles d’un scénario bien consensuel, en quête de l’émotion flagrante, traquant l’identification, habillé de personnages stéréotypés. C’est le bon flic à l’embonpoint sympathique, la tante en transe d’allocations, véritable Thénardier, l’éducatrice dévouée, le gosse qui pisse encore au lit, et le dur à cuire au cœur tendre. Ça fait beaucoup de lieux communs.
Ma vie de courgette, Claude Barras, 1 h 06.