Michèle Rivasi : « Quand je participe à une élection, c’est pour gagner »
Michèle Rivasi, arrivée seconde au premier tour de la primaire écologiste avec 30,16% des suffrages, n’entend pas se contenter d’inscrire l’écologie dans les débats et affiche clairement ses ambitions électorales.
Vous arrivez deuxième, est-ce une surprise ?
Michèle Rivasi : Oui et non. Oui, parce que les médias avaient choisi Duflot/Jadot. Non, parce que je sentais une mobilisation des associations sur le terrain. Que ce soit l’association Sortir du nucléaire, ou les victimes de médicaments, tous disaient : « On veut des candidats comme vous ! Vous êtes proche de nous et vous portez nos problèmes. » Je sentais qu’ils voulaient une candidate différente. Donc c’est une belle surprise pour moi car c’est aussi la reconnaissance de tous les combats que je mène depuis 30 ans.
D’après vous, qu’est-ce qui a arrêté le choix des sympathisants ?
Je crois qu’ils avaient envie de reconstruire une autre histoire. Avec tout ce qu’on a vécu à EELV – le départ d’Emmanuelle Cosse, celui de Jean-Vincent Placé –, les gens se sont dit : « On veut une nouvelle dynamique ! » Et, pour cela, il faut des gens différents. On a tous besoin, désormais, d’être ensemble pour construire cette écologie politique et la porter jusqu’à la présidentielle.
Est-ce que cela signifie que vous aimeriez que Karima Delli ou Cécile Duflot appellent à voter pour vous ?
Pas forcément qu’ils appellent à voter pour moi. Si elles le font, tant mieux ! Mais c’est aux militants que je m’adresse. Tous ces militants qui ont pu se dire, à un moment donné : « Ils sont tous pareils. » Non, ils ne sont pas tous pareils ! Grâce à cette première victoire, les gens ont pu reprendre espoir. Et le fait qu’il y ait eu plus de 10 000 personnes extérieures au parti [qui ont voté, NDLR], c’est un signe que les gens ont encore envie de croire à l’écologie politique.
Un peu plus tôt dans la soirée, vous disiez vouloir « dépasser EELV ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Je pense que les partis sont un peu finis. Ils sont utiles car ils structurent la vie politique mais ils ne jouent plus leur rôle d’innovation intellectuelle. Les gens ont envie de dépasser cela. C’est pour cette raison que tout est possible dans cette élection. Si on va au devant de tous ceux qui ne croient plus en la politique, mais qui ont envie que ça change, il peut se produire une telle dynamique.
Cécile Duflot avait des ambitions électorales assez modestes : le but de cette primaire était avant tout d’inscrire l’écologie dans les débats. Est-ce que, pour vous, l’objectif reste de gagner la présidentielle ?
Moi, je suis vraiment candidate à la présidentielle, et c’est ce qui me différencie de Yannick Jadot. Quand je participe à une élection, c’est pour gagner. Quand je me suis portée candidate aux élections cantonales, dans la Drôme, j’étais dans un canton à 75% UMP à l’époque. J’ai gagné avec 42 voix d’avance. Je suis allée voir tout le monde en portant un projet différent.
Selon un sondage réalisé par Elabe, 53% des Français jugent « inutile » la présence d’un candidat écologiste à l’élection présidentielle. Que souhaitez-vous dire à ces gens ?
Qu’ils se tirent une balle dans le pied ! S’ils veulent une certaine qualité de l’eau, s’ils veulent une certaine qualité de l’air, s’ils veulent une alimentation respectueuse de l’environnement, il faut un candidat écologiste ! Sinon, qui va porter ces sujets-là ?
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