« Afectados (rester debout) », de Silvia Munt : La vie sans toit
Silvia Munt filme le calvaire des Espagnols expulsés de leur logement.
dans l’hebdo N° 1428 Acheter ce numéro
Comme d’autres, Antonio a perdu son travail. Il a un crédit de 220 000 euros qu’il ne peut pas rembourser auprès de la Banxia. Miguel confie occuper la maison qu’on lui a saisie. Lui et sa famille restent sous la menace d’un arrêté d’expulsion. De son côté, Nadia, enceinte, est déjà mère d’une gamine de 6 ans. Elle est seule, au bout du rouleau, sans revenus pour même louer une chambre ou un petit appartement.
Tous sont aux abois. Un point commun les relie : le collectif de la plateforme des victimes des crédits hypothécaires (PAH), au Granja del Pas, à Barcelone, un bâtiment aux salles défraîchies, où les gosses jouent dans un coin tandis que les parents discutent âprement de leur avenir, sur un mode pédagogique. On y apprend à négocier, à résister, à dire non.
Pour beaucoup d’Espagnols, dans les années 1990 et 2000, il a été plus facile de « faire un emprunt toxique que de louer », avec la promesse d’être « un jour propriétaire et à l’abri ». Mais la crise de 2008 est passée par là, mettant des millions d’entre eux sur le carreau, en butte à des banques « qui jouent avec l’ignorance des gens, sur des petites clauses ». Au bout de ces clauses, l’expulsion et la rue.
Entre dedans et dehors, entre les réunions et les assemblées au milieu desquelles la cinéaste plante sa caméra, les barres d’immeubles, les façades cadrées depuis la rue et les entretiens avec des personnes prises à la gorge, tournés dans leur intérieur, directement, face caméra, Silvia Munt rend compte de l’iniquité des situations. Plus encore, dans cet espace clos où s’agitent les conseils juridiques, avec Afectados, elle filme l’évidente rencontre d’une solidarité exemplaire avec une caméra solidaire. C’est que, pour tous, il s’agit de « rester debout », suivant le sous-titre du documentaire.
Afectados (rester debout), de Silvia Munt, 1 h 24.